Vers le Haut présente les “10 tendances qui façonnent d’ores et déjà le système éducatif“
Paru dans Scolaire le jeudi 31 août 2023.
“On a l'impression que le débat public passe à côté des véritables leviers capables de faire bouger l'éducation“, assure Guillaume Prévost, délégué général de VersleHaut. Pourtant, considère-t-il, des solutions (concernant l'attractivité des métiers, sur l'orientation) existent, “dont on ne parle jamais et qui ne sont pas forcément à l'école“, comme par exemple les partenariats publics-privés, un sujet traité dans un panorama des “10 tendances qui façonnent d’ores et déjà le système éducatif“ et pour lequel il se sent “très concerné“.
C'est dans ce contexte, après avoir été “emballé“ il y a un an par “l'école du futur“ telle qu'imaginée par Emmanuel Macron que de nombreux invités étaient conviés jeudi 31 août à venir discuter des premiers effets du CNR Education.
David Djaïz, son rapporteur général, a ainsi évoqué la “crise de nos services publics“ notamment dans l'éducation où les “performances sont en berne“. “L'intuition“ du président de la république, face à des besoins plus complexes et diffractés depuis la massification scolaires, a été de repenser une organisation des services publiques “défectueuse“, en entamant une démarche de refondation. Une transformation basée sur 3 piliers : la territorialisation et la différenciation, la co-construction, l'expérimentation et l'évaluation. Il s'agit ainsi de faire du sur-mesure autant que possible, de créer une implication sur tous les temps de la vie de l'élève, ce qui nécessite une sorte de convergence entre le travail des enseignants, le travail d'éducation des parents et celui des associations périscolaires, mais aussi d'agir sur le terrain en s'appuyant sur la science.
Ce qu'il appelle la “matrice de l'école de demain“, une transformation à la fois “au long cours“ et “silencieuse“, consiste en une invitation désintermédiée aux chefs d'établissements, “le contraire d'un appel à projets“, ouvert à tous, sur la base du volontariat. Etait demandé un diagnostic poussé, les acteurs qui se lançaient se voyant incités à utiliser les matériaux de l'évaluation avant d'y associer les parties prenantes (élus, parents..). Cette étape n'a pas été “facile“, estime-t-il, parfois ils n'avaient pas ce réflexe mais “cet effort a quand même été fait“. Dès lors, et “loin de dicter ce qu'il faut faire“, c'est à ce moment que le projet partagé a pu être construit avec un appui aux équipes (suivi, alerte, accompagnement) qui sont placées “au cœur de la démarche“, tient-il à préciser. Et d'ajouter avoir “insisté sur l'idée d'avoir une forte dimension pédagogique, axé sur la réussite des élèves“.
Le projet 3PM d'Excellence, présenté à la suite, a illustré de manière idyllique ces propos. Destiné à des élèves de 3ème prépa-métiers, son objectif est de développer la capacité d'engagement, les compétences psychosociales, de créer du lien entre les partenaires autour de l'élève, afin qu'ils aient une orientation consciente, pour transmettre les clés de la réussite en LP et dans le monde du travail ou encore renforcer cohésion sociale sur le territoire par l'éducation.
Mais Guillaume Soulier, des Apprentis d'Auteuil, pense que l'Education nationale compte beaucoup sur ces personnalités qui ont l'énergie et les ressources pour monter des projets, ce qui pourrait être difficile à transposer à l'échelle de l'ensemble du système. Pour “libérer des verrous“, il se demande également s'il ne faudrait pas autoriser les enseignants à se former en dehors de l'EN. Armelle, une enseignante en école publique Montessori s'est vue de son côté refuser le financement d'achat de matériel spécifique et de formations, or “on sait de quoi on a besoin pour faire changer l'école“, estime-t-elle.
Sont encore intervenus plusieurs représentants d'établissements hors contrat regrettant de ne pouvoir bénéficier des dotations proposées par le CNR malgré leur positionnement “innovant“. Guillaume Prévost se demande d'ailleurs s'il n'y a pas “un risque d'un déversement de moyens qui n'aille pas là où les jeunes en ont besoin“, avant d'évoquer “le territoire“, car “une des clés majeure qui manque entre l'Etat et vos projets c'est la collectivité. Si vous leur proposez un projet clé en main, on arrivera à porter le public-privé“, professe-t-il.
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