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2 000 enfants à la rue : une hausse qui indigne et qui inquiète (UNICEF, FAS)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 30 août 2023.

“Eté comme hiver, il n'y a pas de saison, la rue n'est pas un lieu pour les enfants“ s'indigne la secrétaire générale de l'Unicef France alors qu'étaient présentés, mercredi 30 août devant la presse, les chiffres de son 5ème baromètre.

Et si le collectif des associations unies (CAU), Jamais sans toit, la FCPE et Ecole pour tous se sont réunis, c'est que ceux-ci sont mauvais. Quelque 2 000 enfants à la rue ont en effet été recensés en ce mois d'août 2023, soit 20 % de plus qu'à la même période l'an dernier, et même 2,5 fois plus qu'en janvier 2022. “Pour nous l'Etat français ne respecte pas les droits fondamentaux de l'enfant“, estime ainsi Béatrice Lefrançois, un “cri d'inquiétude“ partagé par la directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).

La dégradation de la situation, explique Nathalie Latour, se manifeste à travers des situations “qui s'installent“ pour les familles : 80 % de celles qui appellent le 115 dormaient déjà à la rue la veille, alors qu'elles étaient 46 % un an auparavant. De plus, la proportion de femmes seules avec enfants est passée de 29 % à 35 %.

En outre, ajoute-t-elle, les données régionales du baromètre, comptabilisées pour la 1ère fois, indiquent “qu'aucun territoire n'est épargné“ comme l'attestent le nombre de personnes en famille à la rue en Auvergne-Rhône-Alpes (476), dans les Hauts-de-France (416) ou en Occitanie (314).

Pourtant, regrettent les associations, le gouvernement s'était engagé en octobre 2022 par la voix d'Olivier Klein, alors ministre du Logement, à ce que plus aucun enfant ne dorme à la rue. Elles reconnaissent les “efforts conséquents“ réalisés durant l'hiver dernier, 205 000 places d'hébergement ayant été maintenues, mais qui depuis n'ont pas été tenus, avec des remises à la rue de personnes sans solution, une baisse budgétaire pour les associations de 6 à 10 %, et une réduction du nombre de places à 195 000.

Cet été, déplore de plus Nathalie Latour, des consignes auraient été données d'établir des critères de tri des publics, en fonction des priorités, avec même des rotations de publics selon qu'ils aient été hébergés la veille ou non. “Cela a un impact sur les familles, sur les enfants et sur la capacité qu'on a à les accompagner, car les travailleurs sociaux n'ont pas de réponse à leur apporter."

“On est encore dans la politique du thermomètre“ estime d'ailleurs Manuel Domergue, directeur des études à la fondation Abbé Pierre en détaillant les suppressions de places d'hébergement dans le sud de la France cet été. Au-delà des enfants qui dorment à la rue, la situation des enfants en hébergement d'urgence, près de 30 000 dans ce cas, alarme également les associations. S'y 'ajoutent des expulsions de bidonvilles ou locatives, des “lignes rouges“ face au principe d'inconditionnalité de l'hébergement qui selon lui reculent et sont parfois franchies.

Un vécu porté par Ana Maria Stuparu, représentante du collectif “Ecole pour tous“. Arrivée en France à 15 ans avec sa famille, elle a habité dans un bidonville pendant trois ans. Six mois ont été nécessaires pour qu'elle s'inscrive à l'école, “mais ensuite les difficultés n'ont pas cessé“, explique-t-elle, sa famille étant expulsée durant ses examens, avant qu'elle ne retrouve un hébergement d'urgence. En dehors de son cas personnel, elle s'émeut de ce que “des enfants vivent toute leur vie dans ces conditions, avec la peur de l'expulsion, de se retrouver à la rue. Derrière les chiffres il y a des personnes, des histoires.“ Afin d' “empêcher l'aggravation de la crise et de respecter l'égal accès à l'éducation“, le collectif souhaite voir éclore une proposition de loi de “trêve scolaire“ pour stopper les expulsions des enfants scolarisés et de leurs familles.

“Il y a une inégalité des droits dans les apprentissages pour ces enfants“. Interrogée par ToutEduc, Samira Dadache (FCPE Grenoble) qualifie même de “violence“ cette difficulté d'accès à l'éducation, notamment pour des enfants qui doivent faire des kilomètres pour atteindre leur établissement scolaire et y arrivent “épuisés“. Problèmes de santé physique et de santé mentale, Béatrice Lefrançois abonde : “comment imaginer que ces enfants vont pouvoir vivre une scolarité sereine“ ?

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