Enseignement professionnel : le SNUEP-FSU dénonce un discours "dangereux et pervers"
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 30 août 2023.
Réduire la formation professionnelle aux gestes techniques, qui peuvent s'apprendre en entreprise et orienter le plus possible les jeunes vers le marché du travail, c'est ainsi que le SNUEP décrit, à l'occasion de sa conférence de presse de rentrée, les ambitions de Gabriel Attal et de Carole Grandjean. "L'heure est grave", estime le syndicat FSU de l'enseignement professionnel pour qui "l’objectif à peine masqué de (la) réforme est de transformer (les) lycées pros en centres d'insertion professionnelle et les personnels en agents d’insertion. Il s'agit d'un renoncement scolaire et social sans précédent."
Le "pacte" proposé aux PLP (professeurs de lycée professionnel) est en effet composé de 15 briques dont 11 pour le déploiement de la réforme. Leur dénomination est attractive, quand il s'agit par exemple de la lutte contre le décrochage, un thème mobilisateur pour les enseignants. "Mais en réalité, il s'agit de les orienter vers le dispositif 'Tous droits ouverts', c'est à dire de les sortir de l'école." Quant aux mentions complémentaires rebaptisées "certificats de compétences" à bac+1, elles supposent que des enseignants signent un Pacte, et donc leur responsabilité est engagée si leur mise en place est défaillante. C'est le côté "pervers" du pacte. Il en va de même pour les "options" dont l'existence a été revendiquée par le SNUEP, mais "sera liée à la signature ou non du pacte par les enseignant∙es, ou bien au recrutement d’intervenants extérieurs", alors qu'elles devraient "bénéficier de programmes nationaux, être certifiées et enseignées par des professeur·es de l’Éducation nationale". Le SNUEP publie une analyse critique de chacune des "briques" (ici).
Au-delà, ce que le SNUEP conteste, c'est la comparaison avec l'apprentissage. Certes l'insertion professionnelle des jeunes sortis de CFA est meilleure que celle des anciens lycées, mais de 10 points seulement, sans compter la sélection à l'entrée et les ruptures de contrat. De plus, même dans les métiers en tension, les taux d'insertion ne sont pas bons, "ce qui montre bien que la difficulté est ailleurs".
Toutefois, même s'il incite les enseignants à ne pas signer le Pacte, le SNUEP sait bien qu'un certain nombre d'enseignants vont le signer, notamment des contractuels qui subiront la pression des chefs d'établissement.