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Rentrée scolaire, 1er degré : “à un moment il faut sonner la fin de la récré, se poser et réfléchir aux vrais enjeux“ (SNUIPP-FSU)

Paru dans Scolaire le jeudi 24 août 2023.

Il y a un “besoin de sérénité“ chez les professeurs des écoles, déclarait ce jeudi 24 août Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUIPP-FSU lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat majoritaire des enseignants du 1er degré.

Depuis plusieurs années, explique-t-elle, et alors que l'éducation nécessite un temps long, ceux-ci font face à “une multitude de réformes et d'injonctions“ qui ont “essoré“ à la fois élèves et personnels. La conséquence de cet “empilement“ d'annonces, de plans nouveaux à mettre en œuvre, c'est une perte de sens conduisant à la chute de l'attractivité du métier d'enseignant. La rentrée dans certaines académies pourrait alors être 'tendue' s'il n'y a pas suffisamment de contractuels recrutés pour la rentrée, et au-delà s'il n'y a pas assez de remplaçants : “on sait qu'on aura des absences d'enseignants qui ne seront pas compensées, contrairement à ce que veut nous faire croire le gouvernement."

Le syndicat FSU considère que les professeurs des écoles (PE) doivent être mieux reconnus pour leur travail, notamment via “une revalorisation salariale à la hauteur“ mais qui “ne le sera pas“, déplore-t-elle, la hausse socle ne s'élevant pas “aux 10 % promis“ (elle sera en moyenne de 5,5 % et sera surtout importante pour les débuts de carrière), et en raison du Pacte considéré comme du “travailler plus pour gagner plus“. D'ailleurs, fait remarquer Blandine Turki, également co-secrétaire générale du SNUIPP-FSU, cette augmentation, adossée à un pacte qui implique de travailler davantage, “tombe à coté des demandes des PE“ qui sont très insatisfaits à ce sujet. Elle fait valoir que leur salaire est inférieur de 19 % à la moyenne de l'OCDE.

De plus le Pacte, qui n'atteindrait pas les 30 % d'enseignants volontaires, prévoit pour les PE des missions de soutien en français et mathématiques en 6ème, mais qui seraient très complexes à mettre en œuvre en raison des distances entre écoles primaires et collèges à certains endroits, mais également par rapport aux emplois du temps. Aussi pour Guislaine David “cette mesure n'est pas essentielle et va demander du temps alors que les PE travaillent déjà 43h par semaine“.

“Pas de changement de cap“, donc, et un gouvernement qui se situe dans la lignée de l'ancien ministre Jean-Michel Blanquer et des annonces d'Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle. Après son interview publiée dans le Point (voir ToutEduc ici), elle ironise sur le chef de l'Etat déclarant que c'était lui qui “décidait“ en matière d'éducation et qu'il avait la clef pour faire réussir l'école, ou encore sur la proposition d'avancer la rentrée pour certains élèves au 20 août : “On va les faire venir plus tôt et on va faire “sans doute des miracles“. Au contraire, il s'agirait d'une forme de discrimination pour ces élèves qui sont en difficulté scolaire, accompagnée d'une stigmatisation en leur imposant de revenir 15 jours avant les autres, en d'autres termes une sorte de punition alors qu'ils ont “le droit aux vacances“, à se reposer. L'autre difficulté concerne les collectivités locales qui pourraient ne pas être d'accord pour rouvrir les locaux au mois d'août, car cela signifie des personnels pour nettoyer ou assurer l'intendance des locaux, et dans d'autres communes ils sont occupés par les centres de loisirs, “un problème déjà vu avec les stages de réussite“.

“On ne peut pas avoir un président qui décide des programmes scolaires“. De même, concernant les propositions en matière d'Histoire-Géographie ou d'Education Morale et Civique (EMC), “que le président dise aux enseignants ce qu'ils doivent faire c'est quand même très particulier“ poursuit la co-secrétaire générale du SNUIPP-FSU dans sa dénonciation de ces “déclarations tous azimuts“.

Même topo après sa première rencontre avec le nouveau ministre de l'Education, un “communicant“ qui “aime parler“ mais qui fait craindre un retour à l'ère Blanquer avec “des annonces par voie de presse sans concertation“. De quoi se demander si les épaules de Gabriel Attal “seront assez larges pour endosser le costume ?“ Son souhait d'un nouveau plan de reconnaissance des enseignants “consistera en des discussions supplémentaires, alors qu'il faut agir et donc pour cela il faut des moyens“, insiste-t-elle. Pire, elle voit “un fossé entre la profession et le ministère“, des déclarations “hors sols qui ne parlent pas d'école telle qu'elle se passe sur le terrain“, alors qu'on “ne réforme pas à marche forcée contre la profession“. Aussi il sera jugé “sur les actes“, et s'il se dit très attaché au dialogue social, pour le syndicat “il va falloir qu'il accepte un certain nombre de choses qu'on lui présente“.

Car pour le SNUIPP-FSU, il est d'abord et surtout question de moyens en cette rentrée. Des moyens pour lutter contre les inégalités sociales et scolaires, car “l'école pourrait faire beaucoup si on lui donnait les moyens de réussir“, estime Guislaine David. Il y a par exemple la lutte contre les inégalités dans les DROM, comme le décrit Nicolas Wallet, également co-secrétaire général du syndicat. Sont évoqués un échec scolaire plus marqué, des enfants non scolarisés, des infrastructures insuffisantes et un manque de création de postes. Il s'agit aussi des inégalités entre hommes et femmes, accentuées par le Pacte qui repose sur la disponibilité des PE, qui à 85 % sont des femmes et plus nombreuses à temps partiel.

Autre point, les élèves en situation de handicap, dont l'accueil a augmenté mais s'est fait “au détriment de la qualité“, avec des personnels essentiels (les AESH) mais qui restent très précaires, d'où des démissions durant l'été. Guislaine David dénonce en outre “le manque de structures et de places en structures spécialisées“ conduisant des élèves à se retrouvenr à défaut à l'école et “en vrai souffrance“.

Alors que le sera bientôt discuté le budget 2024 via le PLF, si des suppressions de postes sont anticipées (en raison de la poursuite de la baisse démographique), le syndicat dit vouloir “militer pour avoir des ouvertures et plutôt gagner en postes“. Guislaine David rappelle qu' “il y a eu aussi des déclarations sur des efforts à faire dans certains ministères“ et “sait pertinemment que l'EN est dans le viseur“ mais selon elle, “on ne peut pas demander tout à l'EN, aux enseignants à chaque fois qu'il y a un problème dans la société. Avec le harcèlement c'est pareil, on demande énormément aux enseignants mais on ne donne pas les moyens de fonctionner“.

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