Si Versailles était conté... aux enfants (reportage)
Paru dans Périscolaire, Culture le lundi 21 août 2023.
“- C'est qui sur la statue là-bas ?
- C'est Einstein !“
Pleins de malice, ces enfants venus des Mureaux font partie du premier groupe qui va déambuler, pendant deux heures, dans les jardins du château de Versailles à la recherche d'un certain Léandre. Pour l'heure, après avoir écouté un enregistrement présentant l'animation qui se prépare, une médiatrice explique : “On va faire ce qu'on appelle un jeu de piste. Il faut retrouver les aliments qui composent le menu de Célie.“
“Moi je vois des myrtilles ! Moi des bananes !“ Les enfants, 32 pour ce groupe provenant de trois centres de loisirs, participent ce lundi 21 août à la journée “Vacances au Château de Versailles“ qui leur est consacrée par l'institution. Fatima-Zahra, directrice du centre Gérard Philippe, considère que “ça les fait s'évader“, et elle explique avoir choisi les enfants “qui étaient restés au centre en juillet et en août“, qui ne sont donc pas partis en vacances, en privilégiant également les fratries. Elle se réjouit d'avoir “des animateurs qui jouent le jeu“, intéressés par ce qui est proposé car pour les jeunes, “le but c'est de faire rentrer un peu d'histoire de manière ludique“.
Après avoir accueilli 2 500 petits parisiens en juillet, ce sont autant de jeunes (la moyenne est de 8 ans) issus de plus de quarante communes de la petite couronne franciliennes qui profitent en ce jour d'un cadre unique qui leur est réservé. Si les jardins sont en effet ouverts au public, à l'intérieur du château ce sont habituellement entre 15 000 et 20 000 visiteurs qui se pressent chaque jour pour découvrir les merveilles des rois de France.
A ce moment justement, un autre groupe d'enfants, habitants d’Ivry-sur-Seine, débarque dans une des premières pièces du château qui servira de décor à l'aventure qui a été conçue spécialement pour eux : l'histoire du Gobelet d'Or. “Ce n'est pas une histoire vraie, mais c'est une vraie histoire..“ précise la médiatrice. Comme elle, ils sont une dizaine à jouer, toutes les 7 minutes, les six saynètes dont le défi consiste à calmer la colère du Roi. “Une quête“, précise d'ailleurs la conteuse Catalina à ToutEduc, tandis que pour Julien, guide-conférencier, “c'est surtout important que les enfants participent“.
“L'idée, explique Denis Verdier-Magneau, directeur du développement culturel de l'institut, c'est de faire en sorte que les enfants s'approprient ce lieu patrimonial, sous ses aspects historiques, en créant des animations avec des spécialistes de la médiation pour les jeunes publics, pour faire partager et donner le goût à l'histoire avec un effet de rêverie et d'imaginaire.“
Il s'agit, abonde la présidente du Château de Versailles, “d'accéder à ce que c'était que la vie de la cour autrefois.. le roi, les usages, comment on s'inclinait devant son lit quand on passait dans sa chambre même si il était vide, ça amuse beaucoup les enfants, pour eux c'est exotique, certes c'est l'histoire de France mais c'est très exotique raconté comme ça.“ Cathérine Pégard (la présidente de l'établissement pubic du château) se réjouit de cet événement qui “allie à la fois la découverte du château de Versailles et une journée de vacances“ pour les enfants invités à y participer, “un moment pour apprendre des choses s'en sans percevoir, et puis s'amuser“. D'ailleurs, estime-t-elle, “plus ils viennent petit mieux c'est, car le contact avec la culture il se fait tout petit. Les souvenirs qu'on se créé en jouant c'est quelquefois ce qui vous motive dans votre vie à continuer à aller au musée, au concert..
Quant aux animateurs que ToutEduc a rencontrés, si une première trouve que “c'est enrichissant pour les enfants, comme pour nous“, pour le second qui participe pour la seconde fois, “la visite du château est un petit peu limitée“ avec seulement quelques pièces (dont la galerie des Glaces, les salons de Vénus et de Diane) au menu.
L'opération, qui en est à sa 8ème édition pour 30 à 40 000 enfants concernés, est financée par le promoteur immobilier Emerige. A travers cette offre de mécénat, il vante son souhait de “rapprocher la culture pour ceux qui en sont éloignés“, indiquant que son activité est située à 95 % dans le grand Paris (d'où la cible) et que c'est au départ le château de Versailles qui cherchait des mécènes.
Les deux entités ont alors co-conçu cet événement, dont le montant ne nous a pas été communiqué, mais que Cathérine Pégard souhaite dupliquer : “Cela nous a permis de créer un modèle, et maintenant on peut le dupliquer pour d'autres circonstances. En juin on a des enfants des Yvelines et des Hauts-de-Seine qui sont venus grâce à un partenariat avec les deux départements, c'est le même principe que l'on décline selon l'âge des enfants et selon l'intérêt des accompagnants à tel ou tel projet. On pourrait le faire encore plus, il y a une envie de développer cette action.“ Le message est passé.
Le site du Chateau de Versailles ici