Une campagne de soutien pour favoriser et faire comprendre l'éducation à Madagascar (Solidarité Laïque)
Paru dans Scolaire le jeudi 17 août 2023.
Pour son opération “Rentrée Solidaire“ 2023, Solidarité Laïque a choisi de retourner à Madagascar 16 ans après sa première escale sur l'île de l'Océan Indien.
L'association collecte du matériel scolaire et des fonds pour financer l’achat ou la fabrication de fournitures scolaires, elle soutient également des structures éducatives publiques d’un pays différent chaque année. En 2023, l'effort se concentrera sur les zones rurales ainsi que les quartiers démunis d’Antananarivo.
Mais pour l'association, il est aussi question de “sensibiliser les jeunes en France et soutenir l'éducation des élèves malgaches du secteur public“, à savoir de “donner les clés de compréhension pour saisir les conditions d'éducation dans un pays et de les initier à l'engagement à travers leur mobilisation dans la collecte de dons financiers et/ou matériels.“
Carte postale
Est en effet expliqué que si Madagascar “semble être la parfaite destination touristique“, en réalité “derrière la carte postale, se cachent de nombreuses difficultés“ comme “le manque de moyens et de stabilité“ qui fragilise le système éducatif. De même, malgré une parité “presque parfaite en termes d'effectifs à l'école“, il s'avère que “les filles et les garçons reçoivent un traitement différentiel basé sur les stéréotypes de genre“.
Professeure à l’Université d’Antananarivo, présidente d’honneur de la Ligue de l’Enseignement de Madagascar, Mireille Mialy Rakotomalala évoque les problèmes de pauvreté, d'enclavement géographique qui nuisent à l'accès à l'éducation.
Elle constate que “les régimes successifs peinent à trouver le modèle de système éducatif qui répond aux défis de Madagascar“, expliquant que la non-scolarisation “touche plus du tiers des enfants en âge de fréquenter le collège“ et que la fréquentation scolaire “est encore plus faible dans le Sud“, surtout pour les garçons “du fait du faible revenu des parents qui les oblige à travailler pour suppléer aux besoins de la famille.“
Budget, formation et culture
De plus, ajoute-t-elle, “le secteur public, entre manque de formation des éducateurs, insuffisance en matériel pédagogique et dégradation du pouvoir d’achat des ménages, n’est pas en mesure d’assurer une éducation de qualité et pérenne, malgré le nombre croissant d’infrastructures (dont la qualité laisse parfois à désirer).“
Ainsi “le budget n’est pas suffisant et l’augmentation des dépenses en investissement du secteur éducatif n’est pas à la hauteur. Seule l’éducation primaire bénéficie d’une proportion conséquente du budget public“, poursuit-elle, s'inquiétant de ce qu'une loi “stipule que l’État adopte désormais le partenariat public-privé dans sa politique d’éducation et de formation“.
Mireille Mialy Rakotomalala s'alarme enfin de l'accès à la culture, qui “reste un défi à Madagascar à cause du manque de réseaux de diffusion“, et qui permet seulement à “une partie infime“ de la population d'accéder aux produits culturels “malgré les efforts des institutions publiques et privées“. Et si “en théorie“ la musique et les arts traditionnels font partie intégrante des matières à enseigner dans les établissements scolaires, “faute d’enseignants qualifiés, nombre d’entre eux sont obligés d’annuler ces cours relatifs à la culture.“
Pour rappel, 370 structures éducatives avaient participé en France à la collecte de 100m3 de fournitures scolaires en 2006 qui avaient bénéficié à plus de 200 000 élèves des écoles primaires publiques parmi les plus défavorisées de l'île.
La campagne Rentrée Solidaire se déroule du 6 septembre au 23 décembre 2023, le lien d'inscription des classes ou groupe de jeunes ici