Prépa-apprentissage : le bilan de la DARES un peu moins sombre que celui du "Plan d’investissement dans les compétences"
Paru dans Orientation le mardi 01 août 2023.
Le Comité scientifique de l'évaluation du PIC, le Plan d’investissement dans les compétences" avait dressé un bilan assez sombre de programme "Prépa-apprentissage" (ici). Celui que vient de publier la DARES l'est moins. Il rappelle qu'il "s’agissait de financer des projets innovants visant à faciliter l’accès à l’apprentissage des jeunes les plus vulnérables en leur proposant un accompagnement personnalisé dans une logique de sas et à sécuriser les parcours en apprentissage par une politique de prévention des ruptures de contrat".
Les premiers projets ont débuté en février 2019, les derniers en janvier 2021. "Leur mise en œuvre est intervenue dans un contexte perturbé, marqué à la fois par des réformes structurelles profondes du système de l’apprentissage, un plan de soutien à l’apprentissage, et une conjoncture sanitaire et économique fortement impactée par la crise du COVID 19 (...). Au terme de 4 années de déploiement, les projets Prépa-apprentissage comptabilisent 61 000 bénéficiaires." Les niveaux d’abandon oscillent entre 15 et 30 %. "Conformément aux objectifs de l’appel à projets, le débouché le plus probable de ces stagiaires est bien l’alternance, dans 44% des cas."
Au service des jeunes ou des filières et des CFA ?
Mais les autrices, Léa Lima et Makiko Morel mettent en évidence deux logiques. Pour certains des projets, le modèle est celui du "sas d’orientation" vers un univers professionnel. "Il s’agit de faciliter l’orientation vers la voie de l’apprentissage et l’accès à l’apprentissage en général, au travers d’un éventail de choix d’orientation professionnelle plus ou moins connectés à une offre de formation préétablie." Ils sont souvent portés "par des acteurs de l’enseignement (Education nationale, enseignement agricole, enseignement spécialisé)" et sont plus longs, "jusqu’à 12 mois" que ceux dont le modèle est celui "du sas d’entrée" marqué par "la volonté de développer l’accès à l’apprentissage dans un CFA particulier ou dans une filière particulière (...). Ces actions sont souvent portées par des groupements de CFA qui mettent Prépa- apprentissage au service d’un projet d’intermédiation entre les jeunes, les CFA et les entreprises, dans un contexte de concurrence accrue sur le marché de l’apprentissage. Le projet vise alors à élargir le sourcing d’apprentis et à assurer de nouvelles entrées, avec de nouveaux profils de jeunes, ou à améliorer l’attractivité d’une filière."
Elles notent aussi la que le vivier de jeunes susceptibles de bénéficier du programme a été surestimé tandis qu'était négligée "l’existence d’autres dispositifs visant des publics proches à l’échelle locale". Par ailleurs, "le lien avec le milieu scolaire est resté largement contrarié : en particulier les réseaux de lutte contre le décrochage scolaire de l’Education nationale n’ont pas figuré parmi les partenaires réguliers des porteurs de projets."
Elles soulignent que "les tentatives de composition de parcours à la carte, voire de modularisation des parcours, ont été assez peu nombreuses" et que, "globalement peu de dispositions sont prises pour traiter des éventuels freins à l’insertion rencontrés par les participants. Les problématiques du transport et de l’hébergement ont peu été citées".
Elles estiment toutefois que le dispositif peut produire des effets "prises de conscience " et "conduire à une entrée dans une autre formation qu’en alternance ou une entrée en emploi : parmi les jeunes ayant achevé un parcours Prépa-apprentissage, 15% entrent en formation hors alternance et 5% sont en emploi. A minima, Prépa-apprentissage permet une remobilisation et une reprise de confiance en soi", mais à ce compte, "certains projets vont peu se différencier d’autres dispositifs de remobilisation et d’insertion des jeunes".
La synthèse de l'étude ici