Le discours présidentiel sur les jeunes de l'ASE “pèse lourd“, estime la CNAPE
Paru dans Périscolaire, Justice le mercredi 26 juillet 2023.
“Le discours présidentiel pèse lourd“ s'émeut la CNAPE dans un communiqué de presse publié mercredi 26 juillet en réponse aux propos du chef de l'Etat sur les jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance (voir ToutEduc ici).
Tandis que des “milliers de travailleurs sociaux, qui accompagnent ces enfants au quotidien, luttent sans relâche, à leurs côtés, pour déjouer le déterminisme de l’échec qu’on fait peser sur eux“, la principale fédération des associations de protection de l’enfant considère que le discours du président “contribue à assigner les enfants bénéficiant d’une mesure de protection de l’enfance à une trajectoire de violence (violence de pillages)“, et qu'il “établit une relation de causalité entre une vulnérabilité familiale et une perte de repères moraux et un affranchissement de nos lois et normes sociales qui pourraient expliquer qu’ils en viennent à ‘brûler des écoles, des mairies, des gymnases, des bibliothèques‘“.
Dès lors, les préjugés sur des jeunes “instables, incasables, inaptes, bombes à retardement, livrés à eux-mêmes“, estime la CNAPE, “les privent d’emblée de leur chance de connaître un développement épanouissant, de réparer et de soigner les négligences, maltraitances, injustices qu’ils ont souvent subies, de trouver leur place dans la société, de réussir leur passage à la vie d’adulte.“ Un discours qui plus est “empreint du stigmate“ que la société a toujours fait porter aux enfants de “l’Assistance publique“, de la “DDASS“, puis de “l’ASE“.
La fédération ajoute que la France est “riche de la diversité de ses enfants et de leur famille“ et qu'il “n’existe pas de modèle familial garant de l’ordre républicain“ alors qu'Emmanuel Macron “sous-entend, en associant les profils des enfants suivis par l’aide sociale à l’enfance et ceux vivant en famille monoparentale, que la violence procède de l’unique responsabilité parentale et d’un défaut d’ordre familial, représenté en creux par la figure tutélaire du père et de la mère.“
La CNAPE, qui voudrait que soit davantage porté un un message “d’espoir“ aux enfants plutôt que d'ostracisation, salue enfin le travail des professionnels de terrain pour lesquels elle souhaite une meilleure reconnaissance et valorisation quant à leur travail de soutien de la jeunesse au quotidien.