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Evaluation des établissements : une pratique qui s'installe dans le 2nd degré, plus difficilement dans le 1er (B. Gille aux députés)

Paru dans Scolaire le mercredi 19 juillet 2023.

“Il est logique qu'il y ait encore de la résistance“ quant à la démarche d'évaluation des établissements, estimait Béatrice Gille ce mercredi 19 juillet. Interrogée par les députés de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation, la présidente du Conseil de l'évaluation de l'école (CEE) a détaillé le cadre de l'évaluation des établissements (auto-évaluation et évaluation externe), apportant de nombreuses précisions sur cette activité.

A la fin de l'année scolaire, indiquait alors Béatrice Gille, 50 % des établissements du 2nd degré auront été évalués (sur un total de 10 700) et à peine un quart des écoles du 1er degré (10 000 sur 48 500). Certaines écoles rurales comportent une ou deux classes, et dès lors “on tombe vite sur une évaluation du maître, et ça on n'en veut à aucun prix“ déclare Béatrice Gille. Elle indique qu'a été proposé de se limiter à l'autoévaluation quand les écoles sont trop éloignées. D'autres écoles nécessitent un regroupement, un bilan en la matière est attendu pour la fin de l'année , mais il semble qu'ils sont peu utilisés et que les retours soient “mitigés“.

Alors que 4 300 évaluateurs ont été formés (inspecteurs, enseignants, chefs d'établissements, adjoints..), le nombre d'enseignants évaluateurs reste faible même s'il “a largement crû“, malgré une certaine réticence au départ.

Est également constatée “une progression depuis 3 ans de la capacité évaluative“, tandis qu'au début “les évaluations ressemblaient beaucoup à des rapports d'activité, car le système a habitué les établissements à cela“. La problématique provenait surtout des difficultés “à se contextualiser dans un système très centralisé et national“ ou encore à “faire de la stratégie“, c'est à dire à imaginer ce qui peut faire levier, ce qui serait “le plus structurant“ pour faire progresser la réussite des élèves.

Et s'il y a “quelques retours négatifs“, beaucoup sont au contraire “positifs sur la dynamisation du collectif d'établissement et sur le fait que, pour la première fois l'ensemble des équipes a pu travailler ensemble sur le service public rendu“. Ainsi, “dans le second degré les choses sont bien engagées et bien comprises“, assure-t-elle, tandis que “dans le 1er degré il reste du travail à faire, avec les mêmes résistances qu'au début dans le 2nd degré“, ce qui devrait donc s'améliorer.

La présidente du CEE fait justement valoir que “le point de vue du personnel qui fait le gardiennage ou le cuisinier peut être tout à fait intéressant“. Sans oublier des équipes enseignantes qui “sont essentielles“, ajoute-t-elle, les autres personnels (des collectivités locales, sociaux, administratifs) n'étant en effet “jamais réticents“ à ce genre d'exercice, et satisfaits de ce droit “d'avoir la parole sur l'établissement et de pouvoir partager une vision commune“.

Malgré des interrogations, reste “une certaine méfiance“ de voir l'évaluation déboucher sur celle des personnels. Mais le CEE est “très optimiste : il s'agit d'améliorer la qualité sans du tout déroger au caractère national de notre éducation“, précise Béatrice Gille.

Un système éducatif “qui se massifie comme ces 40 dernières années est nécessairement très centralisé“, poursuit-elle, car il nécessite un effort budgétaire important, mais “peut-être n'a-t-on pas accordé autant d'attention à la qualité, c'est à dire à la prise en charge des élèves en difficulté, ce qui ne peut pas se faire que de la rue de Grenelle“. D'où l'idée d'évaluer un certain nombre de mesures prises afin d'aider les 10 à 15 % d'élèves “qui se débrouilleront très mal dans l'existence“ car ils n'ont pas les acquis du socle nécessaire. Et d'où l'idée d'une évaluation et d'une autoévaluation.

Quant aux indicateurs de référence (comme Pisa ou Pirls) sur les performances des systèmes d'éducation, pour Béatrice Gille en France “on est très habitué à se stigmatiser depuis l'arrivée des comparaisons internationales“. Elle note que le pays est dans la moyenne des autres nations pour Pisa, et elle ajoute qu'on “ne peut pas piloter uniquement par les indicateurs“. Elle estime par contre que “nous avons un système français qui n'a jamais vraiment totalement évalué ses programmes“, et selon elle, la “question pourrait à terme se poser“.

Elle a été interrogée sur divers autres sujets liés à des réformes récentes ou politiques publiques. Les méthodes de lecture par exemple, n'ont pas fait l'objet d'évaluation, car il s'agissait de “ne pas faire la même chose que CSEN“. La scolarité obligatoire à 3 ans n'a pas non plus été évaluée, mais cela n'a “pas changé fondamentalement les chiffres“ car elle était pratiquée massivement depuis très longtemps. En revanche, cela a changé l'accès à l'école de certaines populations très éloignées de l'école comme les populations plus nomades chez qui les enfants rentraient à l'école beaucoup plus tard.

Enfin, la question du statut juridique (et du budget propre) du CEE, “pourrait se discuter à l'avenir“ afin de lui conférer plus de poids et d'indépendance.

La vidéo ici

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