Comment refonder l'autorité pour que celle-ci soit légitime ? (Vers le haut)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le jeudi 06 juillet 2023.
La crise actuelle de l'autorité impose sa refondation, estime le think tank "Vers le haut" qui présentait hier 5 juillet son rapport titré "le sens de l'autorité, idées et initiatives pour soutenir la relation éducative". Pour Jean-Marc Sauvé qui en tirait les principaux enseignements, il s'agit de retrouver "le sens de l'autorité légitime". L'ancien vice président du Conseil d'Etat évoque l'exaltation actuelle de l'individu qui amène la perte du sens du commun et la nécessité de remédier à un "déficit d'éducation" en même temps qu'à "un exercice défaillant de l'autorité", en évitant "toute tentation d'emprise", mais en communiquant "un cadre de références connu".
Il faut donc "laisser toute sa place à l'enfant", mais aussi "penser et faire partager les limites". Il propose donc de définir l'autorité comme "une responsabilité collective que l'on doit partager". Il répond ainsi à la préoccupation de "Vers le haut" : Comment "remettre l'autorité au service du développement de l'enfant" en évitant "la déploration" souvent entendue de "l'érosion de l'autorité" ou le recours à une autorité abusive, l'autoritarisme. Mais, s'interroge le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, sur quoi pouvons-nous fonder l'autorité, alors que ni le passé, ni l'ordre du monde, ni le divin n'organisent plus nos sociétés ? Sur nous-mêmes, sur la confiance, sur la prise en compte de l'enfant défini comme "un être qui veut grandir".
C'est pour illustrer ces grands principes que le think tank est "allé à la rencontre des éducateurs, parents, enseignants, qui (re)construisent au quotidien la légitimité de l’autorité éducative" et que son rapport (140 pages) "propose un diagnostic lucide sur le phénomène des abus d’autorité mais également des éléments concrets pour accompagner les éducateurs et mieux répondre aux besoins des enfants et des familles". Il présente notamment "22 pépites éducatives" comme autant d'exemples d'initiatives qui lui semblent aller dans le bon sens. C'est ainsi que dans les Hautes-Alpes, une Psy-EN "orientation" et un éducateur de prévention vont à la rencontre de jeunes déscolarisés qui "restent isolés en fond de vallée ou dans les villages de montagne" afin de les accompagner dans la construction de leurs projets personnels et professionnels. Dans l'académie de Montpellier, un inspecteur recueille les témoignages d'enseignants "sur des élèves qui les ont marqués" et "ont suscité chez eux un changement de regard sur leurs pratiques pédagogiques". Un peut partout en France, l'association Amasco propose aux enfants des ateliers pendant les vacances scolaires afin qu'ils travaillent en s'amusant leurs compétences psycho-sociales et prennent confiance dans leurs capacités d'apprentissage. A Arras, la "maison des 1000 premiers jours" accompagne les parents (et futurs parents) qui se trouvent démunis face aux besoins de leur enfant et à ses pleurs. "Les groupes de pairs leur permettent d'exprimer librement leurs angoisses (...) et de se rendre compte que, finalement, ils ne sont pas seuls."
Le rapport ici