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Agressions des enseignants : de la place que nous leur donnons collectivement “dépend en partie l'avenir de l'Education nationale“ (Pap Ndiaye au Sénat)

Paru dans Scolaire le mercredi 05 juillet 2023.

“Nous allons aussi loin que possible“ répondait hier mardi 4 juillet Pap Ndiaye aux sénateurs de la Commission de la culture, de l'éducation et de la communication qui l'interrogeaient sur l'action de l'Education nationale contre les agressions envers les enseignants, les personnels et les élèves.

Le ministre estime d'ailleurs que la situation n'est pas “en tous points merveilleuse“, que tout n'est pas “parfait“, mais il loue la coopération avec les ministères de la justice et de l'intérieur et note des avancées (à poursuivre) dans le travail mené sur le sujet.

Un panorama des violences a été établi, provenant des enquêtes Civis et de victimation. La première indique, l'an dernier, 3 signalements pour 1 000 élèves au 1er degré (54 % envers les enseignants, 5 % envers les autres personnels, le reste entre élèves). La problématique se situe majoritairement au collège, où sont relevés 13,5 signalements pour 1 000 élèves. D'ailleurs au collège, 19 178 exclusions définitives ont été décidées en 2022, contre 3 724 au lycée général et technologique et 4 688 en lycée professionnel.

Dans le 1er degré, les auteurs de violences signalées sont surtout les familles, tandis qu'il s'agit des élèves dans le second. Les violences davantage verbales (61 % dans le 1er degré versus 78 % dans le 2nd degré) que physiques (respectivement 32 % et 12 %). L'enquête victimation sonde le climat scolaire pour compléter les données, et ses résultats rapportent 500 faits par an (0,5 % des déclarations) pour les violences les plus graves (agressions sexuelles ou avec armes).

Pap Ndiaye évoque aussi bien l' “exposition ordinaire“ que subissent personnels et enseignants que des “faits nouveaux“, à savoir la violence de certains élèves en lien avec des troubles mentaux, comme ce fut probablement le cas lors de l'assassinat d'Agnès Lassale. Émergent également “des menaces qui émanent de l'extrême droite“, ajoute-t-il, nommant le le collectif “parents vigilants“ qui “dénonce sur réseaux sociaux ou dans les médias la ‘propagande LGBT‘, l'étude de textes ‘immigrationnistes‘ dont certains professeurs seraient les responsables“.

Concernant les atteintes à la laïcité, qui ont “objectivement augmenté“, cela s'explique “en partie par un développement de la culture du signalement que nous encourageons, qui s'installe“. Pap Ndiaye réfute l'autocensure, “un professeur n'a pas à baisser la tête ou à courber l'échine“ et il assure que “nous sommes aux antipodes d'une politique de pas de vagues“. Seulement, “c'est un fait qu'il existe des entreprises locales d'entrisme religieux dans nos écoles et dans nos établissements“.

Quant aux affaires d'abayas souvent citées dans les médias, “les tenues ont évolué“ pour le ministre par rapport à la première affaire du voile de Creil, tandis qu'à l'international les détournements de tenues sont légion, c'est pourquoi “la règle c'est l'application stricte de la loi de 2004“. Il y a néanmoins “besoin d'une cartographie nationale“ qui va être établie, il s'agit d'établissements “pas si nombreux mais qui concentrent un certain nombre de signalements“. A l'inverse, précise-t-il, des affaires de contestations pédagogiques “se logent parfois dans des disciplines extrêmement inattendues“ comme celle de la préhistoire, et celles-ci “passent un peu dans l'ombre par rapport aux signalement de tenues religieuses“. D'ailleurs, une première condamnation à 12 mois de prison avec sursis d'un parent a été prononcée en septembre 2022 par le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay pour de faits (contestation d'enseignement) commis à l'encontre d'un principal de collège et de l'institution.

La protection fonctionnelle a fait l'objet de 2 739 demandes de la part d'enseignants en 2022, 994 pour autres personnels et environ 80 % ont été approuvées. Est précisé qu'elle peut désormais être accordée par l'administration de façon directe sans que l'agent ait à formuler la demande.

Les signalements de violence se font notamment via l'application “faits établissements“, il y a le rôle des 600 référents académiques valeurs de la République, mais la protection passe avant tout par la formation des personnels, assure le ministre qui a plusieurs fois évoqué ce sujet. Il compte entre 250 000 et 300 000 personnels formés aujourd'hui et notamment 10 000 personnels de direction sur 14 000 qui ont reçu en 2022 une formation avec “un message très clair : signaler, traiter et sanctionner“.

Interrogé sur la raison de certaines contestations de parents, pour Pap Ndiaye il est question d'une contestation de l'autorité du savoir, à laquelle un certain nombre de professions font face (par exemple les médecins) et qui va “bien au-delà de l'Education nationale“. Il souhaite que soit réaffirmée l'autorité de l'enseignement, du professeur et interroge l'éducation comme finalité : “ce qui est au centre de l'école c'est peut-être moins les élèves que le savoir“. D'où la place particulière et centrale dévolue aux professeurs, mais “quelle place leur donnons-nous collectivement ? De cette réponse dépend en partie l'avenir de l'Education nationale“, affirme le ministre.

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