Seuls 2 % des enseignants sont en accord avec les choix politiques qui les concernent (Baromètre de l'UNSA-éducation)
Paru dans Scolaire le mercredi 31 mai 2023.
Seuls 2 % des enseignants, 13 % des personnels de direction, 20 % des inspecteurs répondent positivement à la question : "Diriez-vous que vous êtes d'accord avec les choix politiques faits dans votre secteur d'activité ?". L'UNSA éducation présentait, ce 31 mai, les principaux résultats de la 11ème édition de son baromètre annuel. 34 500 personnels de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur, de l'enseignement agricole* ont répondu à 16 questions courant mars, une période marquée par les manifestations et les grèves anti-réforme des retraites, ce qui a pu peser sur certains des résultats.
Le changement de ministre n'a pas empêché les courbes de se prolonger et de marquer une aggravation de la situation, Emmanuel Macron étant perçu comme le facteur de continuité des politiques menées. “La crise de confiance, la rupture on la date sur 2019, mais on en est pas sortis“, déclare à ce titre ainsi Frédéric Marchand.
D'ailleurs si les personnels aiment leurs métiers (92 %), seuls 19 % le recommanderaient à un jeune (42 % en 2016, année de la plus forte adhésion aux politiques éducatives depuis la création de ce baromètre), et 51 % des IEN ne trouvent plus de sens à leurs missions, tout comme 44 % des enseignants du second degré. Tous métiers confondus, plus de 7 personnels sur 10 ne se sentent pas reconnus ni respectés dans leur pratique professionnelle (52 % en 2016), 82 % des directeurs d'école sont mécontents de leurs conditions de travail. Si le pouvoir d'achat reste la première de leurs préoccupations, "pour la première fois, la charge de travail passe la barre des 50 %" et vient en seconde position de leurs trois priorités ; les perspectives de carrière viennent ensuite, suivies des questions de "santé au travail".
Frédéric Marchand, le secrétaire général de l'UNSA, note toutefois que les personnels en Education prioritaire sont un peu moins négatifs que leurs homologues quand on les interroge sur le pouvoir d'achat et les perspectives de carrière. "Quand on met les moyens, il y a un frémissement."
Inquiets de la crise démocratique (à 49 %, première des questions d'actualité), les personnels dans leur ensemble sont toutefois 8 % à penser que ce n'est pas leur rôle de contribuer, par l'éducation, à endiguer ce phénomène, 11 % à penser qu'il faudrait généraliser le SNU, mais 41 % pensent qu'il faudrait "mettre en place une véritable éducation à la démocratie". Ils sont par ailleurs 64 % à penser que "les programmes d'enseignement ne traitent pas de façon satisfaisante des enjeux écologiques". Quant à la "mutation numérique", elle inquiète d'autant plus que 47 % des personnels se sentent dépassés. Il est vrai que les outils de gestion de l'Education nationale ne leur donnent pas satisfaction. Pour prendre un exemple récent, indiqué à ToutEduc hors présentation du baromètre, les logiciels qui seront utilisés pour gérer les "gratifications" des élèves des lycées professionnels lors de leurs stages ne sont pas compatibles entre eux !
Pour les responsables de la fédération, la rupture de confiance est profonde, "plus rien n'est cru". Ils ajoutent que les personnels subissent des pressions de toute part, les pressions descendantes de leur hiérarchie, mais aussi celles des familles, ne serait-ce que via les boucles WhatsApp et autres, mises en place au moment du COVID et qui continuent d'être actives.
Le site de l'UNSA ici
* Seuls les personnels du public étaient interrogés. Près de 40 % des répondants sont proches de l'UNSA, 25 % d'une autre organisation syndicale, 36 % d'aucune. 72 % sont des femmes.