L'Anacej mène campagne sur le thème de la réforme des collectivités territoriales (interview).
Paru dans Périscolaire le vendredi 23 juillet 2010.
Permettre à toutes les collectivités d'intervenir en matière de jeunesse, voilà ce que défend l'Anacej, dans le cadre de la réforme des collectivités. L'association soutient depuis plusieurs années la participation des enfants et des jeunes aux dynamiques locales, via notamment le développement des "conseils d'enfants et de jeunes". Mikaël Garnier-Lavalley, délégué général Anacej, fait un point pour ToutEduc sur la réforme et tire le bilan des "conseils de jeunes" depuis leur création.
ToutEduc: Que défend l'Anacej dans la cadre de la réforme des collectivités territoriales?
Mikaël Garnier-Lavalley: Nous nous constituons en lobby pour obtenir que toutes les collectivités aient la possibilité d'intervenir en matière de jeunesse. Nous demandons que les clauses de compétences générales soient valables pour les conseils généraux. Il nous semble également fondamental qu'un chef de file soit défini, pour coordonner l'action jeunesse sur un territoire donné. Il faudrait définir qui, du département, de la région, de la commune, assurera l'articulation des interventions et actions. Enfin, nous luttons contre le maintien de "territoires blancs", c'est à dire d'endroits où il n'existe pas de compétence jeunesse.
ToutEduc: En quoi consiste votre action de "lobbying"?
Mikaël Garnier-Lavalley: Nous participons à l'information des élus locaux et des associations jeunesse sur ces questions. Parallèlement, nous menons des actions directes envers les parlementaires, et ce, en lien avec des associations d'élus. Les Cahiers de l'Anacej ont consacré leur numéro de mai à la question de la compétence jeunesse, pensé à destination des élus et des professionnels. La parole est donnée aux différents niveaux de territoire, de l'Etat, des associations et même des syndicats. Il s'agit de faire sortir le débat des couloirs parlementaires pour le faire exister publiquement.
ToutEduc: Le premier "conseil d'enfants et de jeunes" est né en 1979 à Schiltigheim. 30 ans après, peut-on tirer un bilan de l'action?
Mikaël Garnier-Lavalley: Les conseils concernent aujourd'hui 30 000 enfants et jeunes par an sur tout le territoire français. Certaines collectivités sont engagées depuis 20 ou 30 ans dans cette expérimentation, ce qui laisse penser que cette dernière a de réels impacts. la motivation des élus est centrale pour son bon fonctionnement à long terme. Bien entendu, nous ne prétendons pas que l'initiative se déroule de manière optimale sur tout le territoire. Nous défendons l'importance pour les jeunes de vivre ce genre d'expérience, l'idée de "participation" constituant son fil rouge, sans exclusivité: L'engagement peut aussi bien prendre la forme d'une action dans les juniors associations ou dans des journaux locaux... L'Anacej est demandeuse d'une grande enquête d'évaluation, ce qui sous-entendrait parallèlement que chacun joue le jeu de l'évaluation sur le territoire, y compris l'Etat lui-même. Second point d'évolution: Le profil des animateurs des conseils d'enfants et de jeunes s'est transformé depuis 30 ans. Aujourd'hui, ce sont majoritairement des diplômés, souvent issus de master de sciences de l'éducation et de sociologie. Ils viennent chercher leur première compétence professionnelle au sein de l'Anacej. On les retrouve souvent par la suite dans des fonctions d'encadrement, au sein des Conseils généraux notamment. Troisième point: Avec son nouveau site, l'Anacej propose à ses adhérents une plateforme de blogs, dont les jeunes constituent les acteurs, sous la responsabilité des animateurs. Deux objectifs: prendre conscience qu'à travers le territoire, les collectivités donnent la parole aux jeunes; mais aussi responsabiliser les collectivités sur les questions de l'utilisation des nouvelles technologies par les jeunes.
ToutEduc: L'Anacej est engagée dans la mise en place du "livret de compétences" à la rentrée scolaire, pour valoriser notamment l’engagement associatif des lycéens. Qu'attendez-vous précisèment de ce partenariat avec l'Etat?
Mikaël Garnier-Lavalley: L'expérimentation sera lancée à la rentrée. Il s'agit de permettre à d'autres acteurs que ceux de l'Education nationale d'avoir un impact sur les compétences des jeunes. L'expérience citoyenne pourra être valorisée dans le parcours scolaire des élèves. Dans les Conseils d'enfants et de jeunes, d'autres enjeux sont posés: Il n'y a ni notes, ni enseignants, ni regard parental.. mais la possibilité de se construire une trajectoire à partir d'envies. Nous attendons beaucoup de cette expérimentation, notamment pourun renforcement du lien entre l'Education nationale et les territoires.
L'Anacej tiendra son congrès les 29 et 30 octobre 2010 à Pau. 600 enfants, jeunes et adultes réfléchiront à la notion de développement durable. Le programme est consultable ici.