Orientation: le lien entre formation et métier sous la loupe de l'Oref.
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 22 juillet 2010.
Quelles sont les formations menant de manière étroite à un métier ? Comment s’insèrent les jeunes dont la formation est très éloignée du métier exercé ? "Les formations qui ont un lien étroit avec le métier exercé procurent souvent une bonne insertion, sans pour autant que les conditions d’emploi soient exemptes de précarité. En revanche, un lien formation/métier lâche est en général corrélé à des difficultés d’insertion", estime une enquête de l'Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation d’ile-de-france (OREF), qui rappelle en outre qu'un jeune sur deux en Ile de France n’exerce pas le métier auquel il a été préparé.
L’insertion dans un nombre limité de métiers concernerait les jeunes sortants de niveau CAP/BEP des spécialités "énergie, génie climatique", "bâtiment, finitions", "transport, manutention, magasinage", "accueil, hôtellerie, tourisme"..."Ces métiers correspondent aux emplois d’ouvriers et d’employés, (...) qui connaissent des difficultés de recrutement et un fort turnover, les employeurs étant régulièrement à la recherche de nouvelles recrues". Ceci s’expliquerait notamment par les conditions de travail et les statuts d’emploi souvent peu avantageux.
Les jeunes plus diplômés (BAC et BTS) de ces mêmes spécialités se disperseraient dans un plus grand nombre de métiers, mais souffriraient souvent d’un déclassement à l’embauche en étant aussi recrutés comme ouvriers non qualifiés, "déclassement qui peut s’atténuer au cours de la carrière", nuance l'enquête.
L’insertion des jeunes sur le marché du travail relèverait non seulement de leur formation, mais de mécanismes complexes, étroitement liés aux transformations de la structure économique. "Les métiers qui recrutent les jeunes prennent plus ou moins en compte leur formation". Certains métiers en demande de main d'oeuvre mais aux conditions de travail difficiles, comme le métier de serveur de cafés restaurants, recruteraient des jeunes indifféremment formés, en difficulté d'insertion, "les sortants de CAP-BEP ou bac secrétariat-bureautique, ou encore les sortants de CAP-BEP commerce vente".
Les métiers qui recrutent des profils spécifiques le feraient en général à un niveau élevé, avec une forte exigence de technicité. Cependant, les conditions d’emploi resteraient variables : par exemple, les professions de la santé, comme les spécialistes de l’appareillage médical, privilégiraient plus souvent les contrats stables dans l’embauche de jeunes débutants, tandis que les métiers de la comptabilité-gestion s’alimenteraient de nombreux CDD. "Ainsi, ce n’est pas tant la spécialisation d’un métier sur les formations correspondantes qui en garantit la stabilité, que les politiques de recrutement des entreprises concernées". Ces emplois pourraient se stabiliser au fur et à mesure de la carrière, "en particulier parce que les niveaux de formation sont élevés".
L'enquête souligne que l’adéquation formation-emploi à long terme (après 3 ans de sortie du système) est une relation à nuancer, qui ne va pas de soi. "Les réorientations de parcours et le fait d’être dans un emploi qui n’est pas directement lié à sa formation peuvent s’expliquer de plusieurs manières : le projet professionnel a évolué au cours des années de formation, ou les jeunes n’ont pas pu ou su choisir l’orientation qui leur convenait le mieux, ou encore ils sont entrés dans un emploi pour échapper au chômage".
L’entrée des jeunes dans un métier pourrait dès lors se comprendre en articulant d’un côté l’orientation qu’ils donnent à leurs parcours; de l’autre, les contraintes, "inégales selon le niveau et la spécialité de formation, qui pèsent sur leur trajectoire".