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La méritocratie scolaire en débat. (revue)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 20 juillet 2010.

Que devient le mérite scolaire face à l’extension du marché à l’échelle nationale et mondiale ? Le numéro 1 de la revue "Sociologie" publie un débat entre Philip Brown (université de Cradiff) et Marie Duru-Bellat (Iredu) sur le thème de la méritocratie scolaire et ses effets pervers. Le site L'étudiant en reproduit la seconde partie (Un résumé de la première partie est disponible sur ToutEduc: ici).

"A côté de toute considération concernant les savoirs des individus, directement en rapport à l'emploi, les recruteurs accordent une importance considérable aux compétences personnelles et sociales des candidats", estime P. Brown, qui rappelle que si la méritocratie scolaire consiste en un aplanissement des "différences sociales" entre les élèves, les compétences sociales sont précisèment le critère de recrutement au sein des entreprises. Ainsi, les questions de race, genre et classes sociales continueraient, selon Brown, à marquer le parcours de vie et à influer les chances de promotion sociale.

Les emplois d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement plus exigeants en connaissances ou compétences strictement académiques et donc en diplômes, donfirme Marie Duru-Bellat, estimant que le fait d’être doté de connaissances scolaires élevées aurait "une pertinence bien moindre que d’autres attributs de la personne". "La valeur des prestations des employés est souvent indissociable de leurs qualités personnelles", souligne la chercheuse. Elle prend en exemple le cas de "ces traders hyper bien payés, reconnus comme les héros méritants de l’heure, jugés sur des qualités de prise de risque qui apparaissent aujourd’hui sous un jour moins méritoire" avec la récente crise financière. "Peut-être un jour valorisera-t-on davantage, lors de leur embauche, leurs qualités morales que leur virtuosité mathématique…", conclut-elle. L'aléa primerait ainsi sur le mérite.

Marie Duru Bellat constate en outre que 40 % de la mobilité sociale serait de nature structurelle, c’est-à-dire qu'elle résulterait "des changements de structure socio-économique d’une génération à l’autre". L’idéologie méritocratique serait donc "trompeuse" en ce qu’elle suggèrererait que "les destinées pourraient relever entièrement de facteurs purement individuels".

Enfin, les qualités recherchées par les employeurs auraient plus de chances de se développer "grâce aux activités extrascolaires", mais aussi via toute une éducation familiale "plus informelle et aussi inégale et diversifiée que le sont les familles elles-mêmes". Ce serait là, selon la chercheuse, une forme efficace d’héritage à la fois "difficile à compenser" par l'école, et "décisive". 

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