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Décrochage scolaire: Le projet Espadon promu par M-P Daubresse à la loupe. (interview)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 20 juillet 2010.

Dans le cadre du Fonds Expérimentation Jeunesse, différents acteurs de la région des Pays de la Loire expérimentent un logiciel de repérage et de suivi des jeunes sans diplôme: Le dispositif Espadon. Un projet de recherche vise à étudier les effets de ce nouvel outil. Pierre-Yves Bernard est enseignant (professeur agrégé de sciences sociales), chercheur au CREN. Il pilote l'évaluation du projet dont Marc-Philippe Daubresse a anoncé la généralisation à la France pour 2011. (voir aussi ToutEduc du mercredi 30 juin 2010: M-P Daubresse promeut Espadon et met fin à la "cagnotte" contre l'absentéisme.)

ToutEduc: Qu'est-ce que le projet Espadon et où en est-il?
Pierre-Yves Bernard: Le projet Espadon, mené en Pays de Loire, concerne les élèves qui sortent d'un établissement sans qualification, et dont on ne sait ce qu'ils vont faire à la suite de ce décrochage. L'enjeu est d'identifier les élèves qui ne sont plus suivis et les mettre en relation avec des structures d’insertion grâce à un logiciel visant à partager les données entre les différentes institutions publiques en charge de l'insertion des jeunes. L'expérimentation n'a pas complètement démarré dans toutes ses dimensions initialement prévues. Néanmoins, un partenariat existe entre le recteur au  niveau régional, les missions locales de la région, le pôle emploi, la direction régionale de l'agriculture, la PJJ, ainsi que la région (pour les questions touchant à l'apprentissage).

ToutEduc: En quoi le dispositif Espadon est-il particulièrement innovant?
Pierre-Yves Bernard: Dans l'académie de Nantes, le dispositif Jamin est mené depuis 2 ans au sein des établissements publics de l'Education nationale. Un logiciel informatique fonctionne sur le principe d'un partage d'information entre le CIO et les établissements scolaires. Il permet par exemple de vérifier qu'un élève sortant d'un établissement s'est effectivement réinscrit dans une autre structure. Jusqu'à présent, ces informations restaient en la possession exclusive du rectorat. Les critères renseignés sur ce logiciel sont très simples: le genre, l'âge et la classe d'origine de l'élève. Le projet Espadon a pour objectif d'étendre cette application informatique, sécurisée par la CNIL, à d'autres acteurs que ceux de l'Education nationale.


ToutEduc: Comment se déroule la coordination entre les différents acteurs de terrain?
Pierre-Yves Bernard: Certaines structures sont plus impliquées que d'autres. Si, au niveau national, le Ministère de la justice tenait à afficher sa participation au projet, au final, la PJJ garde avant tout une posture d'observation, de consultation, ceci pour une raison très simple: Légalement, celle-ci ne peut mettre à disposition les informations la concernant. Au niveau national, on estime à 100 000 le nombre de décrocheurs. La MGI (Mission générale d'Insertion) en suit environ 50 000 dont la moitié raccroche grâce à ses services. Le projet Espadon garde une dimension locale, donnant la part belle à l'enseignement agricole dans la lutte contre l'échec scolaire. Dans l'hypothèse où ce projet serait étendu à tout le territoire français, il est permis d'imaginer que le dispositif soit adapté au contexte local. Au final, Espadon relance d'une manière nouvelle le partenariat dans le cadre des bassins de formation, les RPIJ (Réseaux Publics d'Insertion des Jeunes),  qui n'avaient pas abouti.


ToutEduc: Marc-Philippe Daubresse a annoncé l'extension du projet Espadon à toute la France pour la rentrée 2011 lors de l'annonce de la fin de la "cagnotte contre l'absentéisme" qui n'aurait pas produit les résultats escomptés. Ce projet contre le décrochage a-t-il été évalué?
Pierre-Yves Bernard: Un rapport final sera rendu au gouvernement début 2011. Il insistera sur 2 dimensions. Tout d'abord, la question partenariale sera abordée: Quelle est la position de chacun des acteurs sur ce type de projet? Comment se sont-ils investis individuellement dans le dispositif collectif? Ensuite, le rapport devrait mettre l'accent sur l'effet d'Espadon sur les flux repérés par l'Education nationale: Comment ce dispositif peut-il permettre de mieux connaître les jeunes en difficulté? Le rapport final sera librement consultable sur le site experimentationsociale.fr

ToutEduc: Le rapport Eurydice publié en juin 2010 aborde la question du décrochage sous l'angle du genre…
Pierre-Yves Bernard: le projet Espadon établit qu'à même repérage, les filles ont moins recours aux structures de raccrochage que leurs homologues masculins. Ceci peut s'expliquer, en partie, par les attentes souvent moins ambitieuses de l'entourage quant à l'avenir professionnel des filles. En outre, l'offre de requalification est peu diversifiée pour les filles sortant du système à 16 ans. Comparativement, la voie agricole constitue une voie d'orientation possible pour les garçons de la région.

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