Comment évaluer les ZEP? (Jean-Claude Emin)
Paru dans Scolaire le vendredi 16 juillet 2010.
"La politique d’exfiltration des meilleurs élèves des quartiers va sans doute améliorer les taux de réussite des collèges hors ZEP, mais on n’est pas en mesure de quantifier la fuite des collèges concernés", estime Jean-Claude Emin, ancien sous-directeur de l'évaluation au ministère de l'Education nationale. Celui-ci intervenait le 9 juin lors d'une rencontre de l'OZP, qui publie un compte-rendu de son analyse d'une politique de pilotage par les résultats. Il rappelle en préalable qu'un tel pilotage "semble être une obligation de bon sens", alors qu'il constitue un mode de légitimation du pouvoir politique "qui s’appuie plus sur les conséquences observables de sa politique et moins sur l’enracinement dans des valeurs partagées".
S'agissant des ZEP, la question est d'autant plus légitime que c’est "pour des raisons d’éthique, de recherche d’équité, que depuis près de 30 ans cette politique n’a pas été remise en cause". Mais comment l'évaluer "si les résultats en ZEP se sont rapprochés des résultats hors ZEP", alors que les élèves ne sont pas comparables, qu'on ne connaît pas l’impact de la libéralisation de la carte scolaire, ni celui de l’évolution de la composition sociale d’un quartier, et "qu’on ne dispose pas d’éléments de mesure des moyens spécifiques ZEP". Jean-Claude Emin pose d'autres questions: "Quel dialogue avec les Régions, rectorats, établissements, quelle articulation entre leur action? Quelle responsabilisation ? Par des contrats ?" On parle de co-pilotage, mais n'en arrive-t-on pas au point où "on pilote des pilotes ou co-pilotes qui pilotent d’autres pilotes..."?
Jean-Claude Emin a dirigé, avec Nathalie Mons et Philippe Santana, l’ouvrage collectif "Le pilotage par les résultats. Un défi pour demain" (Scéren/cndp, sept. 2009)