Quelle éducation civique pour les jeunes européens?
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 09 juillet 2010.
Que connaissent les jeunes européens sur les questions des droits civiques et de citoyenneté? Quelles sont leurs dispositions à s'engager dans la vie publique et politique? Varient-elles selon l'origine sociale? L'International Civic and Citizenship Education Study (ICCS) a étudié la manière dont les jeunes assument leurs rôles de citoyens en Europe.
Selon l'étude, rendue publique en juillet 2010, les jeunes européens seraient davantage sensibles aux questions politiques et sociales d'ordre local ou national, qu'ils ne seraient préoccupés par les questions de politique étrangère ou internationale.
La confiance accordée par les jeunes dans les institutions civiques varierait d'un pays à un autre. Néanmoins, de manière globale, les partis politiques seraient perçus comme les institutions les moins fiables, les jeunes exprimant un plus haut degré de confiance dans leur gouvernement national.
Du côté des enseignants, "le développement de connaissances et de compétences" serait perçu comme l'objectif principal des cours d'éducation civique, ces compétences incluant "la connaissance des institutions civiques, politiques et sociales", le développement chez les jeunes d'une "capacité à gérer les conflits", ainsi que l'éveil d'une pensée "critique et indépendante". L'engagement civique et politique est très faiblement cité comme l'un des buts, révèle l'enquête, et ce dans tous les pays de l'Union.
Selon les enseignants, l'engagement des jeunes dans la vie civique se traduirait principalement par la participation aux évènements sportifs ou culturels. "Seule une minorité a reporté un investissement dans des projets reliés aux Droits de l'Homme ou dans des activités d'aides aux populations défavorisées".
Les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés auraient des connaissances civiques supérieures aux autres. "En moyenne, les tests ont montré une différence de 87 points entre les élèves issus des familes les plus favorisées, et les élèves les moins favorisés socio-culturellement". Dans presque tous les pays d'Europe, les filles obtiennent des scores significativement supérieuers à ceux des garçons (22 points d'écart en moyenne). Les élèves issus de familles immigrées obtiennent quant à eux 37 points de moins que les autres, "selon les pays, cet écart varie de 10 à 70 points". En analysant ces résultats à la lumière des données sur l'origine socio-économique des jeunes, l'enquête conclut cependant que les différences aux tests entre les populations migrantes et non-migrantes "sont réduites".
Une précédente enquête avait été menée en 1999 auprès de 15 pays européens. La comparaison des enquêtes souligne le déclin net des connaissances civiques depuis 1999. "Ce constat doit cependant être interprété avec prudence (...). A ce stade de nos études, il n'est pas possible de fournir une analyse fiable de ce déclin".
Initial findings from the IEA International Civic and Citizenship Education Study, Wolfram Schulz, John Ainley, Julian Fraillon, David Kerr, Bruno Losito, International Association for the Evaluation of Educational Achievement, juillet 2010.