Des pistes pour remédier aux difficultés de lecture en primaire. (Recherche)
Paru dans Scolaire le jeudi 08 juillet 2010.
"Très peu d’enseignants estiment être bien préparés pour faire face aux difficultés en lecture et avoir bénéficié d’une formation suffisante en matière de remédiation", estime un rapport consacré à l'apprentissage de la lecture en primaire, réalisé en 2009 par l'Université de Liège et publié en 2010 par la Communauté française de Belgique. il s’agit pour ses auteurs de proposer des outils de diagnostic et des pistes de remédiation immédiate, dans un souci de "responsabilisation" des enseignants, suivant le principe qu' "il est essentiel de ne pas laisser se cristalliser des difficultés".
"On peut craindre que la progression dans la maîtrise de la complexité des processus ne soit pas suffisamment à la portée des élèves qui ne peuvent profiter, au niveau familial, de toute une série d’incitants (...): un environnement riche en livres, l’observation d’attitudes positives envers la lecture et de pratiques régulières, une aide régulière pour lever d’éventuelles difficultés", considèrent les auteurs qui posent comme enjeu la maitrise de la lecture par le plus grand nombre, quelle que soit l'origine sociale et sans nécessairement avoir recours à des aides spécialisées.
L'étude insiste sur le caractère essentiel de "la fluidité de la lecture" qui permettrait au lecteur de se concentrer sur le sens du message, et, par ailleurs, développerait la motivation à lire. "Plus vite les enfants développent une lecture fluide, (...) plus la probabilité est grande qu’ils prennent conscience des différentes fonctions de la lecture et s’engagent spontanément dans des activités de lecture, augmentant ainsi le nombre d’expériences positives avec l’écrit, leur tendance à persévérer en cas de problème de compréhension, etc".
L'étude met à disposition des enseignants une brochure d’aide et conseils. Cette brochure leur fournit des outils pour apprécier la fluidité de lecture chez les enfants. Elle soumet également à l'enseignant des dispositifs qui leur permettent "de développer chez les élèves une représentation de la lecture comme un domaine où la progression est possible et instrumentée". Le rôle de l'enseignant serait d'aider les enfants à adpoter une posture réflexive, d'auto-évaluation, notamment à "discerner et développer leurs propres processus de lecture".
L'importance de travailler en classe sur "ce qu'est la lecture", en insistant sur la dimension de sens et de compréhension est soulignée, au risque, pour les élèves, d’être rapidement gagnés par la frustration et le découragement "puisqu’ils savent lire les mots individuellement mais ignorent comment donner du sens aux phrases, paragraphes et chapitres". Il s'agit notamment d'apprendre à mettre le ton, à ralentir le débit de lecture, à imprimer à la voix des intonations.
Les auteurs proposent notamment de mettre en place des activités de lecture en duos, au cours desquelles les élèves échangeraient leur place de lecteur et de récepteur. "Confronter sa compréhension et ses interprétations avec d’autres permet de mettre en évidence le caractère singulier de toute lecture. Pour les élèves qui ont du mal à comprendre qu’ils doivent jouer un rôle actif dans la construction du sens, participer à des échanges mettant en avant la diversité des réponses apportées par chacun est une réelle source d’apprentissage". Ils enjoignent au final les enseignants à travailer sur "la dimension sociale" des apprentissages, autrement dit à créer un "environnement sécurisant" dans lequel les élèves peuvent exprimer leurs difficultés de compréhension, "mais également voir en l’enseignant et les autres élèves des sources potentielles d’apprentissage".
La brochure pédagogique à destination des enseignants est téléchargeable ici.