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Présidentielles 2022 : plus d'abstention chez les jeunes, qui votent majoritairement pour la gauche radicale et l'extrême droite (INJEP)

Paru dans Scolaire le mardi 22 novembre 2022.

“Les jeunes restent plus abstentionnistes que les autres classes d’âge“, constate l'INJEP dans sa dernière étude sur les spécificités du vote des jeunes lors de l'élection présidentielle de 2022.

Avec 67 % des 18-24 ans et 61 % des 25-29 ans qui déclarent avoir participé aux deux tours des élections présidentielles, contre 86 % des plus de 35 ans, “le niveau d’abstention des jeunes reste plus fort que celui de leurs aînés“, en raison d'une entrée différée dans la vie adulte et dans l’accès à l’autonomie sociale et économique, d'une familiarisation progressive avec la vie politique, mais aussi par un changement de culture politique opéré depuis les années 60.

L'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire estime par exemple qu'il “faut attendre la quarantaine, au fur et à mesure de l’insertion sociale et professionnelle, pour que le taux de participation soit équivalent à celui que l’on observe dans l’ensemble du corps électoral". Il s'agirait encore d'une “érosion du vote-devoir“ ainsi que d'une “remise en cause de son statut d’acte d’expression politique le plus légitime ou le plus efficace“, 46 % des moins de 35 ans considérant davantage le vote comme un droit que comme un devoir, pour seulement 23 % des plus de 65 ans.

Mais comment expliquer que 13 % des 18-24 ans et 22 % des 25-29 ans se soient abstenus aux deux tours des élections présidentielles ?

Tout d'abord, il y a la mal-inscription, le “fait d’être inscrit dans un bureau de vote éloigné du lieu de résidence“, qui concerne “plus spécifiquement les jeunes en raison d’une mobilité résidentielle plus fréquente“, et qui rend la participation “plus contraignante et donc plus aléatoire“. L'INJEP trouve également dans les “différences sociales“ aussi bien dans le “niveau de diplôme“ les raisons de cette désaffection. Ainsi les électeurs de moins de 35 ans ayant un niveau de diplôme supérieur à bac + 2 “sont 80 % à déclarer avoir voté aux deux tours de l’élection présidentielle, contre seulement 60 % de celles et ceux ayant un diplôme inférieur au bac“.

Gauche radicale et extrême droite

Si beaucoup moins de jeunes ont voté aux deux tours du scrutin, leurs choix n'ont pas été les mêmes que ceux de leurs aînés. Sur l’ensemble du corps électoral, ces élections ont révélé une tendance à la tripartition du paysage politique, alors que pris séparément, les choix des jeunes “se sont davantage portés sur les candidats de la gauche radicale et de l’extrême droite“.

Aux dernières élections présidentielles, 38 % des 18-24 ans ont ainsi voté pour Jean-Luc Mélenchon, 28 % pour Marine Le Pen, quand seulement 13 % ralliaient Emmanuel Macron et que 21 % d'entre eux ont voté pour un autre candidat.

L’électorat jeune de Jean-Luc Mélenchon est “le plus diversifié des trois“, il obtient “des scores importants à la fois chez les plus diplômés et chez celles et ceux ayant un diplôme inférieur au bac, à la fois chez des jeunes dans des situations sociales fragiles et d’autres mieux lotis, à la fois chez des jeunes descendants d’immigrés d’Afrique et du Maghreb et d’autres sans ascendance migratoire“. À l’inverse, plus marquées socialement, “les caractéristiques des électeurs de Marine Le Pen renvoient tant aux inégalités sociales qu’à la relégation géographique, et celles de l’électorat jeune d’Emmanuel Macron à une jeunesse plus diplômée et plus aisée financièrement“.

L'INJEP explique en outre que “les valeurs culturelles pèsent beaucoup plus chez les jeunes que chez les aînés“, notamment parmi les millenials où elles “structurent de plus en plus les choix électoraux, en faveur des candidats favorables à la diversité ou qui s’y opposent“. Ceci est d'ailleurs “particulièrement visible s’agissant du vote pour Marine Le Pen“, qui dépend “essentiellement des valeurs culturelles des répondants, ce qui en fait un vote beaucoup plus unidimensionnel que les deux autres“.

La candidate du Rassemblement National “fait ses meilleurs scores chez les jeunes les plus conservateurs alors que le vote en sa faveur est presque inexistant parmi les plus progressistes“. Emmanuel Macron, lui, “fait ses meilleurs scores parmi les ‘libéraux libertaires‘, les électeurs à la fois les plus favorables à l’ouverture culturelle et les plus favorables à l’économie de marché“, mais il attire cependant “moins de ‘libéraux conservateurs‘ qui lui préfèrent notamment Valérie Pécresse ou Éric Zemmour“. De son côté, Jean-Luc Mélenchon “séduit certes les électeurs les plus favorables à la redistribution, mais surtout s’ils sont aussi culturellement progressistes. Les ‘sociaux-autoritaires‘ lui font défaut, notamment en faveur de Marine Le Pen, et particulièrement s’ils sont jeunes“.

Ces choix pourraient résulter, conclut l'INJEP, d'une “insatisfaction spécifique des plus jeunes à l’endroit de celui qui a exercé le pouvoir lors de ces cinq dernières années‘. Certains ont pu y voir l’exemple d’une ‘radicalité‘ de la jeunesse favorable d’abord à la gauche de la gauche, puis à l’extrême droite, qui pourrait passer avec le temps. C’est encore trop tôt pour le dire. On pourrait aussi y voir un effet de génération, appelé à perdurer et donc à durablement structurer les équilibres politiques et partisans français.“

La note de l'INJEP ici

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