La connaissance des parents au sujet des violences éducatives ordinaires demeure “assez floue“ (Fondation pour l'enfance)
Paru dans Scolaire le lundi 17 octobre 2022.
“Les parents se sentent assez mal informés sur les violences éducatives ordinaires“, que ce soit sur ce qui les constitue et où placer la limite, indique la Fondation pour l'enfance dans un enquête réalisée par l'IFOP parue lundi 17 octobre.
Avec seulement 48 % d'interviewés s’estimant bien informés, “une large marge de manœuvre se dessine“ pour contribuer à leur recul, estime ainsi l'association qui en détaille le phénomène. En tout, ce sont 60 % des parents d’enfants de moins de 10 ans qui estiment avoir reçu une éducation sévère au cours de leur enfance, et 1/3 qui déclarent avoir subi des actes de violence physique ou morale durant leur enfance.
Malgré cela, les violences éducatives ordinaires semblent être pratiquées chez un grand nombre de parents, avec 79 % des répondants qui déclarent avoir mis en œuvre au moins une violence éducative pour l’un de leurs enfants au cours de la semaine précédant l’enquête, 65 % au moins deux et 49 % au moins trois.
Les violences éducatives les plus pratiquées sont des violences morales : “crié très fort après lui“ (55 %), “mis au coin ou puni dans sa chambre“ (48 %) ou encore “privé de quelque chose (dessert, écrans, bonbons, doudou) car il ne vous obéissait pas“ (46 %). Les violences physiques sont elles “comparativement moins mises en œuvre“, pourtant 23 % des interviewés ont “donné une fessé“, 20 % “bousculé“ et 15 % “donné une gifle“ à leur enfant.
Si beaucoup de parents (72 %) indiquent savoir ce que sont les violences éducatives ordinaires, 38 % affirmant le savoir précisément, l'étude montre que la connaissance au sujet des violences éducatives “demeure toutefois assez floue“ avec seulement 12 % des parents interrogés qui les identifient toutes comme telles (contre 6 % qui n'en identifient aucune).
Les actions les plus associées aux VEO sont traiter de “bon à rien“, de “méchant“ ou “d’imbécile“ et “donner une fessée“, tandis que les moins bien identifiées sont “enfermer dans une pièce quelques instants“, “menacer/promettre quelque chose pour obtenir obéissance“ et “priver de quelque chose en cas de désobéissance“.
Pour 33 % des répondants, un parent violent envers son enfant est avant tout une personne qui a été poussée à bout, en conséquence de quoi si la violence envers son enfant est perçue assez largement comme inacceptable (à 77 %) quel que soit le cas de figure, 23% des répondants se montrent plus tolérants face à la violence. Toutefois, pour beaucoup, “ce comportement ne doit pas être exempté de répercussions et un quart juge que le parent doit passer devant la Justice ou qu’il est un malade qu’il faut soigner (22 %)“.
Enfin, les impacts des violences éducatives ordinaires “ont des effets perçus dans le futur : 41 % estiment qu’ils sont surtout prolongés et sont susceptibles d’affecter la vie future des enfants et 40 % qu’ils sont autant immédiats que prolongés. Au final, seuls 19 % n’y voient que des effets à court terme.“
A noter enfin que la loi de 2019 interdisant les violences éducatives ordinaires “jouit d’une notoriété en demi-teinte auprès des parents“.
L'enquête de l'IFOP ici