“Un projet liberticide, inégalitaire, inéquitable et discriminant“ : les raisons de la participation du SUI-FSU à la mobilisation du 18 octobre contre la réforme de la voie pro
Paru dans Scolaire le jeudi 13 octobre 2022.
“Les inspectrices et inspecteurs qui ont déjà été écartés du contrôle des CFA par la loi de septembre 2018, le seront aussi bientôt de ce qui restera du lycée professionnel lorsque sous le vernis de la simplification, les procédures de certification seront transférées aux entreprises“ s'émeut le SUI-FSU dans un communiqué de presse publié jeudi 13 octobre pour expliquer les raisons de sa mobilisation le 18 octobre contre le projet de réforme du lycée professionnel.
Le syndicat FSU des inspecteurs.rices de l'Education nationale y voit en effet “la fin du caractère national des diplômes et de la reconnaissance de leurs niveaux de qualification“. Interrogé par ToutEduc, Eric Nicollet (secrétaire général) précise que comme cela se voit en apprentissage avec l'évaluation des “situations de travail“, la procédure de certification pourrait en effet échapper aux procédures de contrôle, qui sont notamment effectuées par les IEN et les enseignants si l'année de terminale venait à être majoritairement consacrée aux PFMP en entreprise. “C'est aussi un métier, certifier, c'est très exigeant. Cela demande une expertise que les tuteurs en entreprise n'ont pas“, poursuit-il.
Est en outre évoqué le “désastre que porte la réforme annoncée“, celle-ci portant atteinte “à deux principes cardinaux de notre charte de l’éducation et même de notre constitution : la liberté et l’égalité.“ Le syndicat dénonce “un recul phénoménal dicté par une vision rétrograde de la formation professionnelle, et le mépris pour les élèves souvent issus des milieux les plus pauvres de notre pays".
Son inquiétude concerne l'alignement de l’offre de formation sur les besoins économiques locaux, les choix d’orientation des lycéens de la voie professionnelle issus de territoires déshéritées par rapport à ceux de territoires prospères, ou encore la possibilité de réaliser des projets personnels lorsque les seules formations disponibles seront limitées aux possibilités d’emploi local.
“Cette vision adéquationniste, insiste-t-il, porte en elle-même les ferments de profondes inégalités territoriales en plus de sournoises assignations sociales et géographiques des jeunes.“ De même, il se pose la question d'une meilleure professionnalisation de jeunes “à qui l’on retire des heures d’enseignement professionnel scientifique et technique et qui découvriront, non pas un métier dans toute sa diversité, mais un poste de travail, des tâches et des méthodes restreintes, étroitement liées à l’activité propre et conjoncturelle d’une entreprise“.
L'orientation vers les métiers dès la classe de cinquième est également critiquée par le SUI-FSU tout comme la concentration des enseignements généraux sur une partie de l'année qui “dégradera les conditions de leur enseignement“.
Enfin, le syndicat des inspecteurs de l'Education national évoque les difficultés promises par la réforme aux jeunes en situation de handicap pour “s’orienter vers la filière de leur choix, trouver un tuteur qui les accepte et un poste de travail adapté à leur situation“, car “si l’inclusion scolaire a montré ses limites, l’inclusion dans le monde professionnel relève encore de l’omerta.“ L’allongement des PFMP “risque ainsi de générer davantage d’inégalités et de ségréguer un peu plus les jeunes en situation de handicap.“
Le communiqué ici