Tutorat: quel impact sur les pratiques enseignantes et la scolarité des élèves? (étude anglaise)
Paru dans Scolaire le mardi 29 juin 2010.
Quels sont les effets sur les pratiques des enseignants débutants d'un tutorat "poussé" ("comprehensive")? Cette modalité de leur formation professionnelle a-t-elle des effets sur leurs performances et, par ricochet, sur celles des élèves? En comparant les résultats obtenus par des enseignants ayant suivi un tutorat "classique" et ceux ayant bénéficié d'un tutorat plus long et plus approfondi, une recherche anglaise, intitulée Impacts of Comprehensive Teacher Induction: Final Results from a Randomized Controlled Study, tend à démontrer que les bénéfices d'un tutorat poussé sont minimes, ou du moins peu notables si ce tutorat n'a pas été suivi au moins 2 ans par le jeune enseignant.
"Le turn-over important des professeurs au sein des divers établissements et leur préparation inadéquate au métier d'enseignant représentent un défi politique majeur. (...) L'une des réponses pourrait être la mise en place d'un tutorat poussé au cours des premières années d'enseignement", constate l'étude, portant sur 1 009 enseignants débutants de 418 écoles, la moitié d'entre eux suivant un tutorat classique, l'autre un tutorat poussé.
Le tutorat "classique" recouvre une forme de tutorat informel, qui inclut le parainage de chaque nouvel enseignant par un enseignant plus expérimenté, "sans que ce dernier n'ait à sa disposition un matériel pédagogique spécifique ou des plages horaires spécialement dédiées au tutorat". Pour soutenir les enseignants débutants, "la plupart des académies proposent des formes de tutorat ou monitorat, mais ce soutien est le plus souvent sommaire pour des raisons budgétaires", explique l'étude.
Le tutorat "poussé" est un soutien intensif, structuré, délivré par séquences, "souvent par des tuteurs expérimentés et formés". Il inclut la plupart du temps une réflexion sur le parcours professionnel des professeurs, des sessions d'orientation, des séances d'observation dans les classes, ainsi que des plages de débat autour des pratiques pédagogiques.
Selon l'étude, menée sur trois années, une meilleure formation initiale n'empêcherait pas le turn-over des enseignants. La première année, elle n'aurait pas non plus d'influence sur les pratiques adoptées en classe par les enseignants, ni sur les performances des élèves.
Par ailleurs, les élèves, dont les enseignants débutants ont suivi deux années de tutorat poussé, n'obtiendraient pas de meilleurs résultats scolaires pendant ces deux années. Selon l'étude, néanmoins, on observerait une élévation des résultats académiques la troisième année.