Géothermie : des investissements dans les lycées rentabilisés en deux ans (Région Nouvelle Aquitaine)
Paru dans Scolaire le lundi 19 septembre 2022.
"Avec l’explosion du coût des énergies fossiles", il suffira de deux années pour amortir le coût du passage à la géothermie pour le chauffage du lycée professionnel Condorcet à Arcachon. L'échangeur sera mis en service demain 20 septembre, indique la Région Nouvelle Aquitaine. Interrogée par ToutEduc, celle-ci indique que le coût total de 671 000€ a été financé, pour deux tiers par la collectivité et pour un tiers par le groupe Vermilion Energy, qui se présente comme "le premier producteur de pétrole en France".
ToutEduc. Quand et comment la décision a-t-elle été prise ?
La Région. La décision a été prise il y a environ trois ans, sur sollicitation du groupe Vermilion. Contraint par l’Europe à trouver des projets utilisant de l’énergie renouvelable, celui-ci a contacté la Région afin de pouvoir chauffer partiellement le lycée Condorcet.
ToutEduc. Est-ce une opération lourde qui suppose de modifier toutes les canalisations et radiateurs ?
La Région. Le potentiel énergétique exploitable et véhiculé par l’eau géothermale a fait l’objet de simulations au regard des nécessités énergétiques du lycée. Les optimisations énergétiques ont été réalisées dans les services de la Région, et (...) ont permis une optimisation et une rationalisation des investissements à tous les niveaux, le plus gros au niveau de la production primaire, mais avec une conservation des réseaux secondaires. Quelques modifications de débits (...) ont été réalisées pour fonctionner en moyenne température. Tous les radiateurs ont été conservés.
ToutEduc. De combien pensez-vous voir baisser votre facture de gaz ?
La Région. Sur la base des tarifs du mois d’août, la facture passerait de près de 291 000 euros par an à moins de 35 000 euros par an. Cette économie s’accompagne d’une division par 37 de la consommation d’énergie et par 18 des émissions de gaz à effet de serre.
ToutEduc. Le retour sur investissements est prévu sur combien d’années ?
La Région. Le projet était parti sur un retour sur investissement d’environ 11 ans pour la Région, une durée en cohérence avec le déroulé des travaux à mener en matière de transition énergétique. Aujourd’hui, avec l’explosion du coût des énergies fossiles liée au contexte géopolitique, deux années de fonctionnement amortiront les installations.
ToutEduc. L’opération est-elle duplicable ?
La Région. Cette technique de substitution par une source énergétique de haute enthalpie (température de 60°C environ) proche d’un lycée, est rare car le potentiel est lui-même rare. Dans le même registre, le lycée de Borda, à Dax dans le département des Landes, a dernièrement fait l’objet d’une opération quasi-identique, mais grâce à une singularité géologique locale, en lien avec la Régie des eaux du Grand-Dax participant à la distribution de l’eau thermale vers le lycée.
ToutEduc. La Région a-t-elle d’autres projets du même type ?
La Région. Il n’y a pas en ce moment de projet via une source locale autour de 60°C. En revanche, une politique générale de substitutions des lycées est en cours par des géothermies assistées par pompes à chaleur, en "technologie doublets" ou "sondes sèches" (pour aller chercher la chaleur du sol en profondeur, en l'absence d'eaux souterraines, ndlr). Les résultats sont quasiment aussi proches sur le plan financier comme sur le bilan-carbone.
ToutEduc. Et avez vous d'autres projets ?
La Région : Le plus gros des autres projets se fait par des substitutions en RCU (réseaux de chauffage urbain), géothermies, ou chaufferies-bois. Chaque site fait l’objet d'une étude de faisabilité dans le cadre d’un schéma régional d’investissement spécifique. La situation en 2022 pour les lycées publics de Nouvelle-Aquitaine porte à 116 le nombre de lycées fonctionnant avec une production en énergie renouvelable pour les installations thermiques, et 66 pour la production d’électricité en renouvelable (solaire principalement). Les actions actuelles et futures ont pour objectif de poursuivre et amplifier cette substitution par les dispositifs les plus vertueux et les plus efficaces.
Au total, la Région compte 296 lycées publics (auxquels s'ajoutent 162 lycées privés et une centaine de CFA labélisés par la Région).