Sport à l'école : Le SNEP-FSU dénonce “un manque de politique sérieuse et ambitieuse sur le plan éducatif“
Paru dans Scolaire le jeudi 15 septembre 2022.
Avec la fermeture de plusieurs piscines pour des raisons budgétaires (Voir ToutEduc ici), c'est une nouvelle sonnette d'alarme que voit clignoter le SNEP-FSU concernant la santé et la sécurité des jeunes. Malgré l'importance du “savoir nager“ pour les élèves, une compétence élevée au rang de priorité nationale par le ministère de l'EN, “les moyens fléchés pour la natation n'existent plus“, estime Coralie Benech, co-secrétaire générale du syndicat national de l'éducation physique.
Pourtant, après la crise sanitaire qui a privé nombre d'enfants de cours de natation, un élève sur six ne saurait pas nager à l'entrée en 6ème. Un chiffre qui monterait même à un sur deux en Seine-Saint-Denis, le manque d'infrastructures pouvant renforcer des inégalités déjà existantes dans certains départements. Avec cet exemple, Le SNEP-FSU explique en quoi, plus globalement, “l'Etat doit prendre conscience de l'investissement massif à faire dans les installations sportives, car elles sont les salles de classe des profs d'EPS“.
Des profs d'EPS qui, justement, voient les conditions d'exercice de leurs métier comme une source de leur mauvais état de santé. A la nature des installations sportives s'ajoutent, parmi les causes identifiées les équipements, les effectifs par classe ou encore les déplacements. Ce qui donne, selon le bilan social ministériel 2020-2021, un nombre de congés pour maladies professionnelles ou accidents de travail trois fois plus nombreux et quatre fois plus longs chez les profs d'EPS que pour les autres corps des personnels enseignants de l'EN. “L'usure du corps est une réalité pour les professeurs d'EPS“, affirme ainsi le syndicat.
Malgré tout, environ 3 400 candidats se sont présentés en 2022 au CAPEPS externe, et avec 1 400 admissibles les 680 postes offerts ont tous été pourvus. Pour Benoît Hubert, également co-secrétaire général du SNEP-FSU “en grande masse, cela paraît réussi“ mais il tempère cette idée par la vision “plus locale“ de la rentrée scolaire. Il constate au contraire des réductions de service, des enseignants devant jongler entre deux ou trois établissements, et selon un premier décompte partiel, déjà 1 500 heures non effectuées depuis la rentrée. D'où l'idée pour le syndicat FSU des professeurs d'EPS d'élargir la liste complémentaire (seulement 2 reçus en 2022, ndlr) afin de les pourvoir. Car, souligne-t-il, 967 postes de titulaires d'EPS ont été supprimés durant le dernier quinquennat, le nombre de classes réduit, et les effectifs atteignent parfois 30 à 35 élèves en cette rentrée.
Au-delà de leur seule situation, a largement été évoqué “le pilotage très fort d'Emmanuel Macron sur les réformes“, celui-ci impose sa vision idéologique de l'école avec pourtant une “méconnaissance manifeste de ce qu'il fait“, estime Benoît Hubert. Les 30 minutes de sport quotidiennes (APQ) à l'école élémentaire et l'expérimentation de deux heures supplémentaires au collège sont qualifiées par le syndicat d' “affichage“, et pour ces dernières, il dresse un parallèle avec la volonté d'ouvrir la voie professionnelle aux entreprises : “L'école ne ferait pas son boulot, ou très mal, donc il faudrait l'ouvrir à d'autres acteurs. Nous, on y est totalement opposés.“ Trois raisons à cela, de fortes inégalités territoriales (certains lieux ont un tissu associatif fort, tandis que d'autres non, par exemple dans le milieu rural), ce n'est pas le public visé (les jeunes éloignés du sport) qui va s'inscrire dans le cadre d'une pratique volontaire, et une fois de plus une mise en tension des équipements scolaires.
Le SNEP-FSU regrette au final que le ministère ait de moins en moins d'ambition nationale dans les mesures qu'il annonce. Un échelon local mis en avant mais vecteur d'une sorte d'assignation à résidence pour des élèves dont l'objectif sera uniquement de s'insérer dans le tissu économique et social du territoire. Si le syndicat plaide au contraire pour quatre heures d'EPS à tous les niveaux de scolarité, il pense que le frein est “ministériel“ et seulement financier. En outre, Il souhaiterait que chaque établissement scolaire dispose d'une section sportive avec “les moyens afférents, tant humains que matériels“ alors que les JO de Paris se dérouleront dans maintenant moins de deux ans.