Une rentrée "un peu plus positive", mais beaucoup d'inquiétudes pour les personnels de direction (SNPDEN)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 13 septembre 2022.
Une rentrée "un peu plus positive" que l'an dernier (mais il était difficile de faire pire), estiment les adhérents du SNPDEN. Le syndicat UNSA des personnels de direction a reçu quelque 2 600 réponses à son enquête de rentrée. C'est ainsi que 11 % d'entre eux entament cette année avec enthousiasme (contre 7 % l'année dernière) et 41 % d'entre eux sont satisfaits de la gestion des examens. Mais 44 % sont "perplexes voire inquiets", contre 41 %, il manque au moins un enseignant dans 62 % des collèges et lycées, et une fois la rentrée faite, seuls 37 % des établissements avaient tous leurs personnels, enseignants et non-enseignants, avec des disparités académiques considérables, 88 % des établissements dans l'académie de Limoges sont dans une situation satisfaisante contre 23 % dans celle de Créteil.
La moitié des personnels de direction rencontrent des difficultés dans la gestion des PIAL. Les deux tiers des établissements font état d'un très fort absentéisme après les épreuves des enseignements de spécialité. "Nous avions déjà perdu le mois de juin, nous sommes en train de perdre le mois de mai", commente Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du syndicat.
Et les personnels de direction ont d'autres sujets d'inquiétude. Les Départements et Régions auront-ils les moyens de faire face à l'inflation qui pèse sur les budgets des établissements, 82 % des répondants "ne savent pas" si les collectivités prendront en charge, ou savent qu'elles ne prendront pas en charge les surcoûts, du moins avant le vote du budget 2023.
Comment les remplacements pourront-ils être assurés ? Pour les remplacements de longue durée, les enseignants remplaçants seront en nombre insuffisant, et la gestion des remplacements de courte durée sera complexe. C'est une des missions qui pourraient figurer dans "le pacte" proposé aux enseignants. Ceux qui se seront engagés sur cette mission seront, de fait, rémunérés de manière forfaitaire tandis que ceux qui accepteront ponctuellement un remplacement le seront en heures supplémentaires défiscalisées. Pour ceux qui auront signé, l'emploi du temps doit être conçu de telle façon que l'on sache par avance sur quelles plages de temps ils sont disponibles... Encore une tâche de gestion qui s'ajoute à l'emploi du temps déjà chargé des "perdir".
De même au collège, les deux heures de sport supplémentaires suppose que le chef d'établissement noue toute une série de partenariats avec les clubs et associations locales, beaucoup de temps en perspective pour les rencontrer, discuter. Il en va de même pour la demi-journée de découverte des métiers dans les collèges, qui suppose des accords avec les représentants de l'économie locale, sans que personne ne sache s'il s'agit d'une demi-journée par an, par mois, par semaine ! Quant aux internats (un dispositif phare de la politique initiée par J-M Blanquer, ndlr), ils comptent bien des places vides...
La réforme annoncée de la voie professionnelle inquiète également les personnels de direction. "Il faut arrêter de considérer l'apprentissage comme l'alpha et l'oméga de la formation professionnelle." Outre la difficulté qu'il y aura à mettre en place des semaines supplémentaires de stage, sachant qu'il est impossible de prendre sur les vacances scolaires puisque les élèves travaillent sur ces périodes, le SNPDEN constate qu'il sera impossible de ne pas envisager l'annualisation du temps de travail et la révision du statut d'enseignants dont les élèves seront en stage pratiquement la moitié de l'année.
Quant au métier de personnel de direction, il n'attire pas. Le nombre des candidats aurait chuté de 30 % en un an. Se pose évidemment la question des rémunérations, mais aussi des conditions de travail. Bruno Bobkiewicz évoque pourtant "une bonne nouvelle" en cette rentrée, les débats voulus par E. Macron dans chaque école ou établissement sont "facultatifs". Il est probable que les personnels de direction ne se précipiteront pas pour les organiser...