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“Ils sont en train d'ubériser l'école“ (FNEC FP-FO)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 08 septembre 2022.

“Ils sont en train d'ubériser l'école“, estimait le secrétaire général de la FNEC FP-FO à l'occasion de la conférence de presse de rentrée qui se déroulait à Montreuil ce jeudi 8 septembre. Alors que Pap Ndiaye communiquait hier en conseil des ministres sur de bonnes conditions de reprise concernant les écoles et établissements scolaires, ou encore les transports d'élèves (voir ToutEduc ici), la fédération nationale de l’enseignement de la culture et de la formation professionnelle considère au contraire que pour les personnels (enseignants mais aussi administratifs) et les parents d'élèves “la rentrée est loin d'être réussie“.

Mathieu Poullet dénonce d'ailleurs “un mensonge que développe le ministre“, au vu des remontées de terrain selon lesquelles il n'y a pas un professeur devant chaque classe (voir ToutEduc ici). Il évoque plutôt une rentrée “chaotique“, avec par exemple dans l'Essone 900 élèves qui voulaient aller en LP, mais se retrouvent sans affectation en raison d'un manque de place, ce qui est “inacceptable“.

Est décrite une situation “où l'école publique est remise en cause et dysfonctionne“, son problème principal étant “la pénurie inédite de personnels enseignants mais aussi dans les services à tous les niveaux“, avec le risque de se retrouver très rapidement face à un manque important de personnels remplaçants : “dès qu'un enseignant tombera malade, les élèves n'auront plus de professeurs et les classes vont être surchargées.“

Pourtant, précise Mathieu Poullet, “cela fait des années qu'on alerte sur cette question, mais à chaque fois le gouvernement tourne le dos à nos revendications (utilisation du recours à la totalité des listes complémentaires, titularisation immédiate de tous les contractuels, ndlr), il préfère gérer la pénurie avec le recours aux contractuels“. Le nombre de contractuels aurait ainsi augmenté de 10 % cette année, et la FNEC FP-FO d'évoquer une “normalisation du contrat“ comme c'est le cas pour les AESH et les AED, et pour lesquel.le.s un véritable statut est souhaité afin de lutter contre leur “fragilisation“.

De plus, par la réforme du concours de PE le ministère de l'EN a “créé articifiellement un viver pour recruter des contractuels“, estime la fédération syndicale qui souhaite un retour de la formation des enseignants via un recrutement à Bac +3 “avec formation initiale dans le cadre du statut (en tant que fonctionnaire stagiaire, et non comme contractuel alternant)“.

Quant à la revalorisation annoncée (2 000 euros net pour les enseignants en début de carrière, des propositions prévues en octobre pour les autres), les adhérents au syndicat, “échaudés par les revalorisations ‘historiques‘ de J-M Blanquer“, n'y croient pas. Mathieu Poullet se dit “face à un nouvel enfumage“, et estime qu'il faut 30 % d'augmentation pour les débuts de carrière et non 10 %, avec l'ouverture de négociations sur le point d'indice et une refonte de la grille indiciaire de la fonction publique.

Outre la dénonciation de la généralisation des “écoles de futur“ expérimentées à Marseille où “chacune fait sa loi“, le syndicat se dit aussi inquiet concernant la voie professionnelle, notamment suite au discours d'Emmanuel Macron face aux recteurs qui “s'inscrit aussi dans des objectifs de plein emploi“, et ce même si aucun projet n'est encore lancé. Si les chefs d'entreprise ont des difficultés à recruter, c'est pour le syndicat en raison des salaires et des conditions de travail, et non à cause d'un manque de relation entre école et entreprise.

Ainsi le gouvernement aimerait développer l'apprentissage dans le lycée professionnel “en donnant la main aux chefs d'entreprise qui pourront décider quelles filières ils vont ouvrir ou fermer“, dénonce le syndicat, tout comme la mixité des publics dans les lycées professionnels qui les transformeraient en “CFA bas de gamme“, ou l'augmentation de 50 % de la durée des PFMP, avec à la clef “des supressions de postes et des fermetures de filières“.

“Si il y a eu un développement de l'apprentissage, celui-ci s'est produit au niveau de l'enseignement supérieur mais pas vraiment au niveau infra-bac“, explique Max Sanchez. Il constate même un recul chez les18-20 ans, et surtout “à 15 ans, on n'est pas en entreprise“, ajoute le secrétaire national du SNETAA-FO qui constate qu'à cet âge, “les entreprises n'ent veulent pas“. Le syndicat dénonce une manœuvre pour avoir 1 million de jeunes dans les entreprises, avec la volonté de développer les compétences au détriment des qualifications : “plus on se débarrasse des jeunes et on les éjecte du système scolaire, moins ils auront de chances d'avoir accès à des qualifications“, poursuit Mathieu Poullet, qui voit là une remise en cause des conventions collectives et un lien coupé entre diplôme et rémunération.

L'idée qui revient plus globalement pour la FNEC FP-FO, c'est la volonté du gouvernement de faire des économies, comme avec la réforme du lycée qui permet de remplir davantage les classes, avec les 100 000 élèves perdus en 10 ans par le lycée professionnel au profit du lycée GT dont les coûts sont moins importants (effectifs, machines,...), ou encore avec l'annonce d'une réforme de la classe de 6ème pour permettre aux PE (qui assurent 27 heures de présence en classe, contre 18 pour les certifiés) d'y travailler.

Ce qu'elle souligne cependant, c'est une certaine fébrilité au niveau du ministère de l'Education nationale, avec “des réformes qu'ils n'arrivent pas à mettre en place“, à l'image des EPSF (fusion écoles-collège) en 2019. Il s'agit également d'une inquiétude autour des recrutements d'enseignants, presque 700 enseignants sur liste complémentaire auraient été déjà recrutés à la rentrée, et le concours exceptionnel à destination des contractuels serait “une volonté de temporiser“. En outre, il y a l'évaluation des écoles qui, le ministre l'ayant tout juste annoncé (voir ToutEduc ici), ne se fera pas au 1er trimestre cette année.

Aussi, “le gouvernement serait bien avisé d'écouter le rejet qui est en train de s'exprimer“, conclut Mathieu Poullet qui prévoit un déploiement des syndicats FO auprès des personnels pour recenser leurs besoins et porter leurs revendications. Premier rendez-vous le 15 septembre avec des chefs d'établissements qui préparent un rassemblement devant le ministère, notamment au vu de leurs “conditions de travail qui se sont dégradées“.

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