Est-il possible de sortir le collège unique de ses contradictions ? François Dubet n'est pas très optimiste (AOC)
Paru dans Scolaire le mercredi 31 août 2022.
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Pour François Dubet, "toutes les réformes (1985, 1996, 2000, 2005, 2016) qui ont essayé de renforcer le caractère unique du collège unique se sont perdues dans les sables ou se sont heurtées à de solides résistances". Le sociologue qui publie dans la revue en ligne AOC une tribune ce 31 août constate que "la dernière en date", qui essayait de limiter les regroupements d'élèves "autour des langues et des options rares", a été "annulée par Jean-Michel Blanquer" tandis que "la plus décisive de ces réformes, celle du socle commun (...) en 2005, n’a guère changé les choses" : "les programmes qui préparent au lycée d’enseignement général dominent encore la formation, pendant que le socle est perçu comme une sorte de lot de consolation pour les moins bons des élèves."
Ce socle commun devrait pourtant "être une priorité" : "Si nous pensons que l’école doit donner à tous une culture et des compétences élémentaires communes à toute une génération, le choix du collège pour tous s’impose (...). Cet objectif exige de revoir les programmes (...). Que doit-on savoir et savoir faire pour vivre dans notre société indépendamment des études dans lesquelles on sera engagé après le collège ?" Il faudrait aussi "mixer les méthodes et l’organisation pédagogique entre l’école élémentaire et les deux premières années du collège", cesser "de définir la norme scolaire" en fonction des seuls bons élèves "et de s’épuiser, avec un succès très limité, à soutenir les plus faibles". Il serait d'ailleurs "possible de proposer à ces bons élèves des enseignements renforcés". Les collèges "devraient se voir imposer des quotas d’élèves en fonction (...) du niveau scolaire des élèves qui s’adressent à eux", tandis que, leur temps de présence dans l'établissement étant allongé, "les élèves devraient être conduits à faire quelque chose dans l’école, qu’il s’agisse de musique, d’informatique, d’écriture, d’ateliers scientifiques, car c’est dans les expériences partagées que se constituent les attitudes démocratiques : la tolérance, la coopération, la confiance en soi et dans les autres".
François Dubet s'interroge sur les stratégies à adopter pour atteindre cet objectif et propose de renforcer l'autonomie des établissements et la constitution d'équipes, de "communauté de professionnels (...) tenus pour suffisamment compétents pour construire les meilleures pratiques". Mais il n'est pas optimiste. Le débat politique "semble bloqué". La droite voudrait renforcer le tri social à l'entrée en 6ème, "la gauche veut donner plus de moyens, multiplier les options sélectives partout au nom de l’égalité des chances, (mais) sans véritablement changer les règles". Et, ajoute-t-il, "politiquement, les réformes scolaires sont peu rentables".
Le site AOC ici