Crèches : la pénurie de personnels et ses conséquences (CNAF)
Paru dans Petite enfance le mardi 12 juillet 2022.
“Près de la moitié des crèches ont des postes vacants de façon durable“, est le principal résultat qui ressort de l'enquête “pénurie de professionnels en établissements d’accueil du jeune enfant“ publiée hier 11 juillet par la CNAF.
La Caisse nationale des allocations familiales, à travers une enquête nationale commandée par le Comité de filière Petite enfance et réalisée sur 15 986 crèches collectives (secteurs public, associatif et privé marchand), a pu mesurer l’ampleur et les conséquences des pénuries de personnel dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE).
Ainsi, avec un total de 8 908 emplois manquants au 1er avril 2022 (depuis plus de trois mois, en majorité des auxiliaires de puériculture, ndlr) pour un équivalent compris entre 6,5 % et 8,6 % de l’effectif total de professionnel auprès d’enfants, la CNAF confirme que “les modes d’accueil du jeune enfant font face à des tensions de personnels qui pèsent sur les conditions de travail des professionnels et conduisent sur certains territoires à des réductions de l’offre proposée aux familles“.
Cependant, le niveau d’exposition des départements aux difficultés de recrutement est très variable. Par exemple, avec 30 ETP vacants pour 1 000 places (la moyenne est de 21,62), le Rhône, Paris et la Guyane apparaissent “très exposés“, au contraire de la Corrèze (4 ETP manquants auprès d’enfants pour 1 000 places).
A ces difficultés de fonctionnement causée par ces effectifs auprès d'enfants en tension, s'ajoute un certain nombre d’EAJE qui fonctionnent avec des postes de direction vacants ou inoccupés. 1 623 postes sont ainsi “découverts“, soit plus d'une crèche sur 10 en moyenne concernée.
Dès lors, ce sont ainsi 9 512 places qui sont durablement fermées ou inoccupées à cause d’une difficulté de recrutement, soit 2,3 % du total des places recensées dans le cadre de cette enquête. La CNAF précise qu'il s’agit “d’un phénomène particulièrement concentré“ avec 3 gestionnaires qui concentrent 52,4 % de l’ensemble des places fermées, et un phénomène qui a lieu surtout en région Ile-de-France, où se situent les trois quarts des fermetures pour cause de manque de personnel.
Selon nos confrères “Les pros de la petite enfance“ (voir ici), le nouveau ministre des Solidarités, de l'Autnomie et des Personnes handicapées se serait adressé aux professionnels de la petite enfance suite à cette présentation, et aurait indiqué vouloir notamment mettre en place dès septembre deux mesures proposées par le comité de filière le 29 juin (voir ici), à savoir “mesurer la qualité de vie au travail pour être en mesure d’agir lorsqu’elle est dégradée“ (construction d’un observatoire de la qualité de vie et des conditions de travail des métiers de la petite enfance), et “promouvoir les métiers de la petite enfance auprès de toutes les personnes susceptibles de les rejoindre“ via une campagne de promotion et de valorisation des métiers.