Les affectations via APB montrent que l'Université n'est pas (toujours) un choix par défaut (revue Education & Formations)
Paru dans Scolaire le mardi 05 juillet 2022.
"La licence apparaît pour la majorité des néo-bacheliers qui entrent en première année (de l'enseignement supérieur) comme une orientation choisie et non comme une orientation par défaut." C'est l'une des conclusions des études publiées dans la dernière livraison de la revue Education & formations (DEPP-SIES), dont le n° 103 est consacré aux "problématiques d'affectation dans l'enseignement supérieur" telles que le portail APB (qui a précédé la mise en place de Parcoursup) a permis de les appréhender.
Il apparaît, au fil des diverses contributions, que les inégalités sociales sont déjà nettes en amont de la procédure d'affectation. Parmi les bacheliers de la série S, en 2016, 22 % sont d'origine sociale très favorisée et 55 % d'entre eux ont eu une mention bien ou très bien, 8 % sont d'origine "très défavorisée" et seuls 21 % de ces 8 % ont obtenu une mention bien ou très bien. "Les affectations post-bac portent la trace de ce tri social", d'autant que les élèves les mieux dotés choisissent davantage les filières les plus sélectives, "y compris à performances comparables". L'université "semblerait un 'choix du pauvre', socialement et scolairement, marqué également par le genre" tandis que "plus l'origine sociale des bacheliers et bachelières S s'élève et meilleure est leur mention, moins ils ont de chance de valider un voeu en licence, à l'exception des enfants des classes "moyennes supérieures" qui ont une probabilité relativement élevée d'affectation à l'université, "peut-être en lien avec des parents majoritairement issu de l'Université".
Autre enseignement de ces études, "les lycéens les plus faiblement dotés scolairement s'autocensurent en ne déposant pas de dossier de candidature" pour des licences d'art "alors qu'ils étaient a priori intéressés par ce type de formation" tandis que, dans ce domaine, "les formations et les établissements sont nombreux" et "utilisent de véritables stratégies de marque pour se distinguer" et attirer le public visé.
Le passage d'APB à Parcoursup devrait permettre "d'analyser plus finement" certaines décisions d'orientation en même temps qu'il se traduira "par des reconfigurations du paysage finement hiérarchisé", au moins celui des formations universitaires franciliennes.
Education & Formations, n° 103, téléchargeable sur le site du ministère de l'Education nationale ici