Les raisons des réorientations professionnelles post-covid des jeunes (CEREQ)
Paru dans Scolaire le mardi 28 juin 2022.
Le confinement aurait “d’autant plus conduit (les jeunes) à revoir son projet professionnel qu’il aurait perturbé la situation d’activité initiale“ estime le Cereq dans sa dernière note consacrée aux facteurs de réorientation de la génération 2017.
Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications explique qu'ils sont plus d'un tiers (35 %), parmi les jeunes sortis de formation initiale au cours de l’année scolaire 2016-2017, à avoir déclaré que la crise sanitaire les avait conduits à repenser leur projet professionnel.
Activité initiale
Pourtant en mars 2020, au moment où la crise sanitaire survient en France, 72 % des jeunes de la génération 2017 sont en emploi, 16 % en recherchent un, 4 % sont en formation ou reprise d’études et 8 % dans une autre situation. Le chômage partiel s’est imposé à 39 % des jeunes de la Génération 2017, et a conduit à un tassement du revenu pour un quart d'entre eux.
Parmi les jeunes en emploi n’ayant pas pu travailler pendant la période, 39 % déclarent avoir envisagé une réorientation professionnelle, contre 23 % de ceux qui ont travaillé autant qu’avant.
Si le niveau de formation a peu joué quant à leur réflexion, il semble en revanche que “les jeunes en recherche d’emploi et les auto-entrepreneurs déclarent bien davantage avoir réfléchi à une réorientation“ (respectivement 47 % et 44 % d’entre eux), que les jeunes en emploi (32 %) et seulement les jeunes fonctionnaires (14 %).
Opportunité contrariée
Autre point, parmi ceux de la Génération 2017 en recherche d’emploi au moment du démarrage du confinement, 12 % déclarent qu’ils venaient de trouver un emploi, 8 % qu’ils devaient passer un entretien et 7 % qu’ils avaient une bonne piste. Pour le Cereq, ce sentiment d’ “opportunité contrariée“ doit être pris en compte pour étudier les facteurs possibles de souhait de réorientation professionnelle.
De même pour les jeunes qui, en reprise d’études ou en formation en mars 2020, ont dû les interrompre temporairement (12 % des jeunes concernés) ou définitivement (14 %). A noter de fors écarts selon la nature de la formation “puisque l’interruption n’a été définitive que dans 4 % des cas quand celle-ci débouchait sur un diplôme de l’Éducation nationale ou un autre diplôme d’État, contre 25 % pour les autres formations (titre professionnel, CQP, habilitation, etc.).“
Ainsi les jeunes en formation en mars 2020 expriment plus souvent un souhait de réorientation lorsque la formation a été interrompue définitivement par le confinement. Et parmi les personnes en recherche d’emploi en mars 2020, ceux qui déclarent qu’ils étaient sur le point de trouver un emploi avant le confinement sont aussi plus nombreux que les autres à déclarer avoir repensé leur projet professionnel.
Expérience du confinement et inquiétude envers l'avenir professionnel
Le Cereq souligne un “effet de l’expérience du confinement“ pour “ceux qui ont connu des situations dégradées ou contrariées par rapport à l’avant-crise sanitaire“ qui “tendent davantage que les autres à avoir réfléchi à une réorientation professionnelle du fait de la crise“.
Mais selon le centre de recherche, la variable qui, de loin, apparait la plus liée au souhait de réorientation est le degré d’inquiétude par rapport à l’avenir professionnel. 63 % des jeunes qui se disent “très inquiets“ sur l’avenir déclarent avoir repensé leur projet professionnel, tandis qu'ils sont 53 % parmi ceux qui se disent “inquiets“, et 25 % parmi ceux qui ne sont “pas inquiets“. A noter que pour le Cereq, cette relation forte “ne permet pas de conclure à une causalité entre degré d’inquiétude et volonté de se réorienter“, mais elle “montre uniquement que les deux tendances vont de pair.“
Le Bref n° 424 ici