Apprendre à « tenir sa classe »
Paru dans Scolaire le mercredi 21 janvier 2009.
Le recteur de l'académie de Créteil, Jean-Michel Blanquer, semble avoir été séduit par le livre de Sébastien Clerc, Au secours ! Sauvons notre école !, qui prône un retour à « l'autorité assumée » pour la gestion des classes difficiles: l'auteur a été invité par l'académie à encadrer un stage de « tenue de classe » pour jeunes enseignants. L'édition en ligne du Figaro nous en donne la teneur.
Les conseils prodigués par le formateur révèlent un objectif clair : donner aux enseignants les « armes » pour sortir vainqueurs de la « guerre d'usure » qui s'instaure avec les élèves, et renverser le rapport de force en leur faveur. « Garder un air relativement inquiétant lors des premiers cours », « regarder l'élève dans les yeux assez froidement », identifier les éléments « perturbateurs », « moyennement perturbateurs » et « tampons »... Sébastien Clerc prend le parti, assumé, d'encourager les enseignants à adopter une attitude stratégique de bout en bout, toute d'intimidation et de fermeté.
Même lorsqu'il s'agit d'instaurer un rapport « chaleureux » avec les élèves, c'est avant tout pour « désamorcer les conflits », et le respect ou la gentillesse sont présentés comme des moyens permettant de « désarçonner » les jeunes et de décourager leurs désirs de révolte.
Outre la méthode, c'est l'existence même de ces stages qui suscitera peut-être vos réactions. La marge de manœuvre des enseignants, face à ces classes difficiles, est-elle à ce point réduite qu'elle doive faire l'objet d'une méthodologie? Les situations, d'un enseignant à l'autre, d'une classe à l'autre, sont-elles comparables? La « tenue de classe » peut-elle être une technique qui s'enseigne?