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Apprentissage : la loi "Pénicaud" permet la création d'un "CFA digital" (interview exclusive)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 09 mai 2022.

"L'atelier des Chefs" propose, depuis 18 ans, des cours de cuisine à des amateurs. L'entreprise lance un "CFA" digital préparant aux CAP Cuisine, Pâtisserie, Boulangerie, Petite Enfance, Esthétique, Coiffure, Assistante de vie aux familles , Electricité et au BTS de diététicien. La "loi Pénicaud" a en effet changé la logique de l'apprentissage. François Bergerault, l'un des trois associés à l'origine du projet répond aux questions de ToutEduc.

ToutEduc : Quelle est l'histoire de votre entreprise ?

François Bergerault : Avec mon frère, comme moi diplômé d'une école de commerce et un troisième associé, chef de cuisine, ancien second dans des restaurants trois étoiles, nous avons créé, il ya bientôt 18 ans des "ateliers" pour des amateurs. Une activité de cours de cuisine loisir, sans objectif de diplôme. Depuis 2008, nous avons cependant développé un atelier aux formations plus professionnalisantes, pour aider nos clients qui souhaitent se reconvertir. Nous ne préparons pas à des diplômes et beaucoup de nos clients financent eux-mêmes leur stage, même si nous sommes organisme de formation.

Il y a cinq ans environ, nous avons constaté que certains grands groupes, comme Sodexo ou Korian, avaient besoin de pouvoir déployer des formations sur l'ensemble de leur territoire pour assurer des promotions en interne. Nous leur avons proposé d'en moderniser la pédagogie, via des formations digitales. C est ainsi qu'est née notre formation digitale a la cuisine. Nous avons ensuite proposé ces formations digitales à des CFA traditionnels, à commencer par le CFA Médéric, pour mettre en place une nouvelle pédagogie sur le principe de la “pédagogie inversée”. Enfin, nous avons lancé notre formation 100 % digitale au CAP, pour permettre à nos apprenants de passer leur CAP cuisine en candidat libre.

ToutEduc : C'est ce que vous appelez un "CFA digital" ?

François Bergerault : C’est un organisme de formation digital. L'apprenant reçoit cours théorique et exercices via une plateforme et il pratique à la maison. Il est ensuite corrigé par nos experts métiers grâce à des systèmes de vidéos. Il est accompagné par un coach tout au long de sa formation. Nous avons toujours eu à cœur de préparer l'insertion de nos apprenants dans le marché de l'emploi, avec des relations très fortes avec les entreprises. C est pourquoi, récemment, nous avons décidé de lancer notre CFA 100 % digital, pour permettre à nos apprenants de s'insérer encore plus vite dans l'entreprise et d'en maîtriser les codes dès le début de leur formation.

Nous formons aujourd'hui aux CAP de cuisinier, boulanger, pâtissier, mais également aux métiers de la coiffure, de l'esthétique, de la petite enfance, de l'assistance de vie aux familles, de l'électricité et de la diététique. Nous souhaitons former, plus généralement à tous les métiers de la main et de l'humain.

ToutEduc : Quels sont les avantages, et les inconvénients, du digital ?

François Bergerault : Un candidat à l'apprentissage doit trouver à distance raisonnable de chez lui un centre de formation et une entreprise. Dans une agglomération, c'est relativement facile, en milieu rural c'est plus compliqué. La digitalisation permet de supprimer l'une des difficultés. De notre côté, notre proximité avec des grandes entreprises permet d'accompagner ceux qui n'ont pas d'entreprise d'accueil dans leur recherche. Nous apportons une flexibilité dans l'apprentissage. Les jeunes ont parfois du mal à rester assis sur une chaise dans une salle de cours toute la journée pour apprendre de la théorie. Là, ils peuvent séquencer le cours comme ils veulent, et peuvent organiser leur emploi du temps. Par exemple, en restauration, ils peuvent se former entre le service du midi et celui du soir, ou le soir, ou le week-end. C'est cette flexibilité qu'offre la formation digitale qui est plébiscitée par les adultes en reconversion. Evidemment, suivre des cours à distance demande de l'autonomie et de la maturité, et nous nous adressons plutôt à des jeunes de 19-20 ans en réorientation plutôt qu'à des jeunes de 16 ans qui sortent du collège.

ToutEduc : Vous avez élargi votre panel de formations à des métiers qui n'ont rien à voir avec la cuisine...

François Bergerault : La cuisine est le métier qui compte le plus de recettes, d'instruments et qui suppose en plus de gérer le timing. Nous avons réussi à en organiser l'apprentissage, nous pouvions donc transposer le modèle à d'autres métiers qui ont tous en commun d'être des métiers en tension. Les jeunes sont sûrs d'avoir, à la sortie, un emploi convenablement rémunéré.

ToutEduc : Qu'est-ce qui a changé la donne et vous amène à développer ces CFA digitaux ?

François Bergerault : La loi Pénicaud. Jusque là, le CFA touchait la même somme quel que soit le nombre de ses apprentis. Il a maintenant intérêt à en avoir le plus possible, et donc à "évangéliser" les jeunes, à aller les chercher et à leur dire que ces formations, souvent dénigrées les amènent à des métiers d'avenir.

ToutEduc : Et pour vous, qui pouvez augmenter facilement le nombre des jeunes accueillis dans une formation, c'est financièrement plus intéressant...

François Bergerault : Cela dépendra du nombre de jeunes apprentis que nous réussirons à convaincre de rejoindre ces filières magnifiques. Nous avons en amont un gros travail de conception, pédagogique et informatique, donc un investissement beaucoup plus important que pour un CFA classique qui lance une formation. Je suis un entrepreneur, je prends le risque...

ToutEduc : Vous êtes les premiers ?

François Bergerault : Oui, même s'il existe des modèles identiques pour les formations tech, chez OpenClassrooms notamment.

ToutEduc : Et vous avez beaucoup d'apprentis ?

François Bergerault : Nous avons lancé le CFA il y a un mois... Nous en sommes à recevoir des candidatures et nous avons déjà sélectionné une vingtaine de dossiers.

 

 

Propos recueillis par P. Bouchard et relus par F. Bergerault

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