Le discours sur l'informatique à l'école abandonné? (B. Devauchelle)
Paru dans Scolaire le vendredi 18 juin 2010.
Bruno Devauchelle constate sur son blog que le "plan numérique" qui aurait dû être annoncé par Luc Chatel le 7 juin, semble avoir été "mis en veilleuse" comme en Angleterre. "La raison semble simple et indiscutable: pas d’argent, pas même dans le grand emprunt qui a fait rêver nombre de décideurs." Mais l'expert va plus loin en demandant "qui s’en plaindra", hormis "quelques inconscients qui pensaient, sans doute à tort, que les enjeux de la société de l’information passaient pas le numérique à l’école". Il dénonce d'ailleurs "les zélateurs des TIC au sein même du système éducatif" qui ont probablement réussi "à épuiser les enseignants ordinaires", d'autant que les difficultés de mise en oeuvre sont techniques et plus encore pédagogiques.
L'analyste va plus loin: les discours des uns et des autres sont "le révélateur d’un malaise qui est probablement plus intime qu’on ne le pense". L’ordinateur serait perçu comme un outil magique qui pourrait "s’immiscer dans tous les interstices d’information, de communication de la vie humaine" et qui révélerait un "espace souterrain à l’humanité". Globalement, alors que "les TIC continuent de se développer et d’envahir le quotidien", le monde scolaire "n’aurait pas de projet spécifique" à leur sujet. Enfin, "les 'petites' habitudes des uns et des autres dans le domaine des TIC a fait depuis longtemps préférer les bidouillages locaux aux plans structurés, régionaux voire nationaux".
B. Devauchelle attend de voir avec quel succès seront déployés les "environnements numériques de travail", mais pour lui, même si "les rumeurs actuelles sur un vrai plan, un mini plan, pas de plan du tout" vont encore occuper l'espace médiatique, "le fait est là, il n’y a pas évidence à engager l’école dans une démarche éducative à propos des TIC", pourtant omniprésentes dans notre société, et porteuses d'un changement culturel et social.