Les personnes ni en emploi ni en études sont “surreprésentées parmi celles qui réalisent un service civique“ (INJEP)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 26 avril 2022.
Le service civique “a pris une place croissante dans les politiques de jeunesse“, explique Thomas Venet dans une note de l'INJEP consacrée aux profils des volontaires et à l'évolution du dispositif depuis sa création par Martin Hirsch en 2010. Entre 2017 et 2020, près de 80 000 jeunes ont en effet entamé chaque année une mission, alors qu'ils étaient quatre fois moins à le faire en 2014, calcule l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire.
Le nombre de missions “a tout particulièrement augmenté à partir de 2015“, explique alors le chargé d'études de l'institution, avec un élargissement de l’offre qui “s’est notamment appuyé sur l’implication du secteur public“, dont la part est passée de 12 % en 2014 à 38 % en 2020.
Multiplié par 2,7, le nombre de missions proposées par les associations a lui aussi “largement augmenté“ entre 2014 et 2018. Les associations représentent un peu plus de 60 % des missions en 2020, même si leur part dans le total des missions tend à diminuer.
Les organismes souhaitant proposer des missions de service civique doivent remplir des missions d’intérêt général. Le premier des neufs domaines d'intervention classées par l'Association du service civique (groupement d'intérêt public chargé du pilotage et du développement du dispositif, ndlr) est “l’éducation pour tous“ qui totalise 36 % des missions en 2020. Suivent les domaines de la solidarité (26 %), du sport (14,5 %), de la culture et les loisirs (10 %) ou encore de l’environnement (6 %).
Dans sa note, L'INJEP souligne par ailleurs une “hétérogénéité sociale des profils“ de bénéficiaires. L'institut comptabilise en 2020 en effet 22 % des volontaires qui n’ont pas le baccalauréat, 42 % qui ont un baccalauréat comme plus haut diplôme tandis que 35 % d'entre eux sont diplômés du supérieur.
Surtout, les personnes ni en emploi ni en études (NEETs) sont par comparaison “surreprésentées parmi celles qui réalisent un service civique“, constate Thomas Venet, avec 39 % des volontaires qui se déclarent demandeurs d’emploi, et 26 % inactifs non-étudiants lors de leur entrée en service civique, alors que ces deux catégories représentent ensemble 17 % des 16-25 ans en 2020.
Le contrat d’engagement de service civique dure 27 heures par semaine sur 7,3 mois en moyenne en 2020. Cette même année, 21 % des volontaires ont entre 16 et 18 ans, et 31 % d'entre eux sont étudiants. Les femmes représentent 61 % des volontaires, elles sont “particulièrement nombreuses dans les domaines de la solidarité, de la santé et de l’éducation, mais ne représentent que 7 % des volontaires engagés dans le sport.“ Elles sont plus souvent diplômées du supérieur que les hommes (38 % contre 30 %), et effectuent plus fréquemment leur mission dans une institution publique (44 % contre 28 %).
Selon une enquête de 2019 pour laquelle 8 193 volontaires ont étés interrogés au moins six mois après la fin de leurs missions, les participants au service civique sont souvent issus de familles dont les parents sont employés et travaillent dans le secteur public. Les professions intermédiaires et les ouvriers sont peu représentés. Enfin, la proportion de volontaires vivant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville est plus élevée que dans la population générale des 15-24 ans, à 13 % contre 9,2 %.
A noter enfin que 5 % des volontaires de 2020 sont étrangers (soit 4 000 jeunes), dont un tiers a la nationalité d’un pays de l’Union européenne.
Créé en 2010, le service civique propose à des jeunes de 16 à 25 ans, et jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap de s’engager dans une mission d’intérêt général auprès d’associations ou d’institutions publiques. D’une durée de six mois minimum, il comprend des jours dédiés à la formation citoyenne et un accompagnement des jeunes dans leur projet. Chaque jeune ne peut effectuer qu’une seule mission dans sa vie.
La note de l'INJEP ici