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“Très ambitieux“, les objectifs du plan Mathématiques “ne sont pas encore atteints“ (IGESR)

Paru dans Scolaire le lundi 25 avril 2022.

“Les objectifs du plan, très ambitieux, ne sont pas encore atteints“, estime l'IGESR dans son rapport de suivi du “Plan Mathématiques“ dévoilé vendredi 22 avril.

Quatre ans après sa mise en place expérimentale suivie de son déploiement en 2019, l'inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche s'intéressait aux premiers résultats de cette “action d’envergure en matière de formation et d’accompagnement des enseignants“, le ministre de l'Education nationale ayant fait de l’enseignement des mathématiques “une des priorités de la politique éducative conduite par son ministère“.

Ce plan permet-il de remédier, en termes de pilotage ou de choix d’organisation, à la “dégradation des acquis des écoliers“ en mathématiques ?

Premier constat, les inspecteurs indiquent que chaque maillon de la chaîne “a répondu présent“ et que cette mobilisation a permis de respecter les grandes lignes de la trajectoire annoncée en pourcentage de personnels formés. Mais ils notent cependant que “la proportion de professeurs des écoles formés est, dans la plupart des académies, en deçà des attentes initiales“. Fin 2020, 38 657 professeurs des écoles étaient en formation, soit 12,3 % de l’effectif cible total alors que “l’objectif initial était de 20 %, passant à 16 % à partir de 2021“.

Ils ajoutent que “la promesse des 30 h de formation effective n’a pas toujours été tenue“, alors que le “souci du remplacement des enseignants“ est mentionné dans “toutes“ les académies, et que dans certains départements sont décrites des situations de “très forte tension sur le remplacement“. Les difficultés de suppléance "ont réduit dans plusieurs territoires le temps de formation des enseignants à 18 heures au lieu des 30 heures prévues".

En revanche, “les enseignants, explique le rapport, apprécient un modèle de formation qui, en proximité, engage des échanges entre pairs, favorise une prise de recul sur les pratiques les plus installées, et apporte un accompagnement en situation souvent plébiscité". Il dresse ainsi un “constat positif qui s’impose en termes d’adhésion des professeurs eux-mêmes, et des formateurs“.

En effet, le format apparaît comme “rassurant à la fois par la proximité, par l’inscription du travail dans la durée et par la disponibilité des accompagnateurs en appui et il renforce le sentiment de compétence chez beaucoup d’enseignants".

La mission note même un “travail réflexif amorcé chez une majorité d’enseignants“, comme ici : “Je me suis rendu compte qu’il y avait des choses que j’expliquais mal. Spontanément je n’aurais jamais demandé une formation en mathématiques car je pensais ne pas avoir de besoins car j’ai un bac S, mais finalement cela m’a plu et j’ai beaucoup appris."

Est en effet loué le “succès“ du plan de formation mis en œuvre, un “modèle novateur“ avec son “organisation en constellations“ qui “a créé un nouveau paradigme“ et qui “s’est imposé extrêmement rapidement“.

Malgré ces atouts, principes originaux, objectifs ambitieux, le schéma de formation par constellations “s’est révélé assez complexe à organiser“, et “le temps nécessaire à la composition des constellations a pu générer un retard au démarrage de la formation qui s’est révélé ensuite difficile à rattraper".

Des difficultés ont été identifiées avec des enseignants qui refusent d’accueillir des collègues dans leur classe pour des observations croisées, avec la crainte d’une certaine “surveillance“.

Par ailleurs, la mission considère que “l’impact sur les pratiques d’enseignement, sur le travail collectif des enseignants, et, en fin de compte, sur les apprentissages des élèves, est encore modeste mais des signaux positifs sont identifiés“. Elle a pourtant “pu observer, en particulier dans des zones plutôt favorisées, des enseignants qui introduisaient des éléments de nouveauté (manipulation, boulier, modèle) sans véritable justification, sur un fond resté identique, basé sur le suivi sans recul d’un fichier et des activités pauvres et sans lien ou véritable progression.“ Pour ces enseignants, conclut-elle, “la question de la plus-value de la formation se pose.“

Au final il semblerait que les professeurs des écoles observés par la mission “sont en grande majorité dans une phase intermédiaire de l’évolution de leurs pratiques“. Si ils ont opéré une prise de conscience, mis en œuvre de nouvelles pratiques, et effectué des premières analyses, “la troisième phase, où les nouvelles pratiques sont pleinement intégrées dans le travail quotidien des enseignants n’est pas encore présente, et elle est sans doute celle qui met le plus de temps à se mettre en place".

Ce rapport se décrit lui-même comme un “appel à persévérer dans la durée“, tandis que le Plan mathématiques se situerait dans une “phase cruciale“. En conclusion, un succès pour ce “modèle“ d'organisation de formation pour les plans et actions nationales, mais qui risque “d’aboutir à des tensions, voire à une concurrence entre plans si la question récurrente de la faiblesse du temps de formation continue des professeurs n’est pas abordée de front.“

Le rapport de l'IGESR ici

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