Conflit à l'école Pasteur de Saint-Denis : devant le ministère, une nouvelle manifestation des enseignants
Paru dans Scolaire le mercredi 20 avril 2022.
“Ils ne vont vraiment pas bien“, confiait ce mercredi 20 avril à ToutEduc Hélène Careil, déchargée syndicale pour SUD Éducation 93 lors de la manifestation intersyndicale régionale (comprenant le SNUIPP-FSU, la FSU, la CGT Educ’action, SUD Éducation et la CNT) organisée en soutien à six enseignants de l'école Pasteur de Saint-Denis menacés de mutation.
Si plusieurs jours de grève et de manifestation ont suivi l'annonce de la procédure engagée à leur encontre (voir ToutEduc ici), la professeure des écoles s'inquiète : “Là il y a beaucoup de soutien donc ça va, ils arrivent à tenir, mais il va y avoir les vacances et ça va être compliqué je pense.“
L'enseignante connaît en effet la situation, pour l'avoir vécue elle-même l'année dernière (le récit de ToutEduc ici). Elle craint que les enseignants reçoivent leur lettre de nouvelle affection “comme moi, pendant les vacances“. Et surtout, si elle précise avoir dans son cas propre engagé un avocat, elle pense de la même manière qu' “ils n'auront jamais de réponse, ils ne sauront jamais exactement pourquoi“ ils ont été mutés.
Le souci, pointe-t-elle, c'est que cette mutation d'office "dans l'intérêt du service", n'est pas une sanction : “ça n'est pas comme quand on passe devant un conseil de discipline." Les enseignants ont consulté leurs dossiers la semaine dernière, ont été reçu par le DASEN adjoint et ont pu s'exprimer, mais n'ont eu aucune réponse.
Hélène Careil explique que “ce qu'on leur reproche c'est de travailler en équipe, de mener des projets ensemble, c'est vraiment écrit dans leur dossier !“ Dans le cortège de la manifestation, sont d'ailleurs scandés des slogans sur la “répression“ ainsi qu'un “dossier vide“. L'enseignante voit dans cette mesure “l'idée de casser le collectif“ d'une école qui fonctionne “de manière coopérative avec un vrai collectif, des collègues militants investis depuis des années“.
Surtout que sur six enseignants, “trois ont été inspectés cette année et ont eu d'excellent rapports“. Ils sont de plus “de différents syndicats, certains sont là depuis 10 ans, d'autres depuis 4 ans ou moins, on a beau creuser on ne sait pas pourquoi ces six enseignants ont été désignés“, ajoute-t-elle.
A quelque pas du ministère de l'Education nationale, les manifestants expriment leurs regrets de n'être pas reçus par Jean-Michel Blanquer, malgré un courrier qui lui a été envoyé. Celui-ci évoque une décision de “mutation forcée“ prise “sur la base de quelques témoignages diffamatoires, sur des accusations mensongères“. Les manifestants demandent l'annulation de la procédure et appellent à reconduire la grève (illimitée pour les 19 enseignants de l'école élémentaire depuis qu'ils ont appris la procédure) après les vacances.
Le communiqué ici