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Politiques de formation à la citoyenneté : des pratiques en décalage avec les directives, une réponse de l'école inadéquate (Ass. Nationale)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 05 avril 2022.

“La désaffection des jeunes envers la politique est importante“ estiment les députés Marianne Dubois et David Corceiro dans un rapport d'évaluation des politiques publiques de formation de la jeunesse en faveur de la citoyenneté.

Désaffection

Les jeunes ont “le sentiment de ne pas être entendus et d’être mal représentés“, et “l’offre politique proposée ne répond pas aux attentes des jeunes et entretient des opinions négatives sur l’utilité du vote, sur l’image du monde politique qui se dégrade, voire sur l’utilité de la démocratie“. Résultat, le vote intermittent “est désormais nettement dominant“ même si l’abstention des jeunes “n’est pas systématique, elle dépend du contexte et des enjeux“.

S'en suit une modification profonde de l'engagement : “le désintérêt de la jeunesse pour les élections et les institutions se voit remplacé par un engagement associatif marqué, traduisant un intérêt pour la vie de la cité bien réel“. La mobilisation se transforme, dans ses modalités comme dans ses finalités, et “les jeunes choisissent le mode d’expression jugé le plus efficace pour se faire entendre.“

Réponse inadéquate

Face à ce constat, “la réponse que l’école apporte est sans doute pour partie inadéquate par rapport aux objectifs et aux attentes“, soulignent les députés qui attribuent un bilan “mitigé“ aux politiques menées. Les programmes publics de formation à la citoyenneté sont effet multiples ou “ambitieux“, mais l'offre apparaît surtout “confuse“ pour les rapporteurs de la mission.

Sont notamment décrites des “pratiques en décalage avec les directives (apprentissage du débat évité, transversalité de l'enseignement inexistante, démocratie scolaire rarement effective)“, à commencer par l'EMC (enseignement moral et civique), un enseignement “au mieux marginalisé, au pire contesté“.

Il est décrit comme encore trop théorique et assez rarement l’espace de débat qu’il pourrait (ou devrait) être pour susciter l’intérêt des élèves. Sont critiqués l’absence d’une méthodologie particulière, son faible volume horaire, ou le rôle de variable d’ajustement qu’il continue de jouer. “Ce cours, ajoutent les rapporteurs, reste perçu comme ayant peu d’impact sur les élèves, qui, en majorité, continuent de n’y trouver que peu d’intérêt, considérant en outre qu’il n’influence en rien leur motivation à s’engager dans un mouvement associatif ou citoyen.“

Il souffre également d'un manque de considération et de reconnaissance des enseignants de la discipline, les professeurs documentalistes en premier lieu, qui se sentent “marginalisés“ dans le dispositif et ne seraient pas suffisamment formés aux principes de la laïcité et aux valeurs de la République.

L'EMI (éducation aux médias et à l'information) est quant à elle qualifiée de “résiduelle“, elle n’est “aucunement encadrée et ne bénéficie pas d’un horaire dédié, ne serait-ce qu’indicatif, ni d’un programme, a fortiori pas non plus d’évaluation. Il n’y a que dans l’enseignement technique agricole que des référentiels sont explicitement prévus.“

Lesuccès du service civique est avéré mais il voit passer “des volontaires motivés surtout par la perspective d’une expérience professionnelle“, et contient une formation civique et citoyenne “beaucoup trop floue“. Les rapporteurs constatent d'ailleurs que “le nombre de projets rattachés directement à la citoyenneté est relativement marginal“, avec 3,3 % de missions en lien avec “la mémoire et la citoyenneté“ en 2019 contre 2,7 % en 2020.

Ils ajoutent que “l’attitude gouvernementale n’est pas dépourvue non plus d’une certaine ambiguïté dans la mesure où le service civique est proposé comme une alternative à l’inactivité dans le cadre du plan #1jeune1solution, qui cherche en priorité à trouver une activité aux jeunes en difficulté, plutôt qu’à renforcer leur civisme même si les deux peuvent parfaitement se conjuguer“.

D'ailleurs, après le service civique, 58 % des anciens volontaires n’ont pris part à aucune activité de bénévolat, “ce qui peut conduire à nuancer“ dans une certaine mesure son efficacité en tant que pourvoyeur de volontaires sur le long terme.

Le rapport ici

 

 

 

 

 

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