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Afghanistan : la difficile adéquation entre aide humanitaire et éducation (France 24/ AFP)

Paru dans Scolaire le lundi 04 avril 2022.

“La décision des Taliban de fermer les collèges et lycées pour les Afghanes risque d'empêcher l'octroi des aides internationales“, explique France 24 dans un article publié vendredi 31 mars, en partenariat avec l'AFP.

La chaîne indique que la Banque mondiale avait annoncé la veille la suspension de quatre projets (environ 541 millions d'euros) qui étaient pourtant prêts à être mis en œuvre par des agences des Nations unies afin de soutenir plusieurs initiatives, notamment dans le secteur de l'éducation.

En cause, le choix des Talibans de revenir sur leur décision de permettre aux filles d'étudier dans le secondaire, seulement quelques heures à peine après la réouverture annoncée. Mais si cette volte-face “a provoqué une vague d’indignation dans le monde et chez les femmes afghanes“, au-delà de compromettre la reconnaissance internationale du régime de ces islamistes fondamentalistes ce sont surtout les milliards d’euros d’aide internationale prévus pour sortir l’Afghanistan d’une profonde crise économique et humanitaire dont il est question, car la communauté internationale a fait du droit à l'éducation pour toutes et tous une condition de l'octroi de cette aide.

Le chef du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), Achim Steiner, a ainsi prévenu que l'aide de la communauté internationale pourrait aller vers d'autres crises humanitaires dans le monde si les Talibans tardaient à rouvrir les collèges et les lycées pour filles en Afghanistan.

Pire, “les donateurs risquent de se montrer moins généreux, or chaque dollar compte pour sauver des vies humaines", a estimé la co-directrice par intérim de la division Droits des femmes de Human Rights Watch (HRW). Pessimiste quant à la réouverture des écoles pour filles en Afghanistan, Heather Barr, a ironisé sur le manque de solutions trouvées par les Talibans et selon ses dires, "ils ne feront jamais de concessions. Ils vont faire miroiter ça et ne le feront jamais, tout comme il y a 25 ans". Elle ajoute par ailleurs que "les Talibans sont encore divisés en factions. Les luttes de pouvoir entre ces groupes ont joué sur ces revirements de dernière minute en défaveur des Afghanes."

Afzal Ashraf, maître de conférences en relations internationales et sécurité (U. de Loughborough, Angleterre), indique que "certains Talibans ont été éduqués en dehors de l’Afghanistan, ils ont passé du temps au Pakistan, ou ailleurs. Notamment au Qatar, où ils ont pu constater que l’islam encourageait l’éducation des femmes tout en faisant respecter des règles vestimentaires strictes pour celles-ci", cependant “la plupart ont une approche plus traditionnelle. Ils souhaitent que les femmes ne sortent pas de la maison. Ces Talibans considèrent toute concession sur cette question comme une défaite" puisque l'Occident voudrait "qu'ils scolarisent les jeunes filles dans le cadre de son désir constant de changer les croyances et les coutumes de leur peuple".

Le chercheur souligne par ailleurs que le leadership Taliban “n'est pas central“ et que le poids politique des différentes factions change au gré des alliances : "Leur influence est proportionnelle à la puissance militaire, elle est fondée sur le nombre d'hommes qui suivent un chef taliban plutôt que sur des motifs religieux."

Il se demande dès lors s'il ne serait pas préférable de “sauver la vie des femmes avant de se soucier de leur éducation“, du fait que “sans cette aide, des Afghanes et leurs bébés vont mourir. La question de l’éducation des jeunes filles afghanes ne se posera plus, puisqu’elles seront mortes de faim."

"Ne punissez pas tous les Afghans pour les abus des Talibans", implore de son côté HRW, selon qui “les exactions des Talibans ne doivent pas freiner les efforts des donateurs pour endiguer la crise humanitaire et débloquer l'économie afghane".

Depuis l'arrivée au pouvoir des Talibans et l'arrêt des financements internationaux qui représentaient 75 % du budget afghan, indique l'article de France 24 et de l'AFP, le pays est plongé dans une profonde crise qui aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse après quatre décennies de conflits et des récentes sécheresses. Et selon les Nations unies, 23 millions d’Afghans souffrent désormais de la faim, 95 % des habitants du pays ne mangent pas à leur faim, tandis que 10 millions d'enfants ont un besoin urgent d'aide pour survivre.

L'article ici

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