Petite enfance : les enfants des milieux défavorisés sont ceux qui ont le moins accès aux modes d'accueil, et ceux qui en bénéficieraient le plus (CNAF)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le lundi 04 avril 2022.
"Les inégalités socio-économiques peuvent dès le plus jeune âge se traduire en inégalités de développement (du jeune enfant)", souligne la CNAF. Dans le dernier numéro de l'E-ssentiel, la Caisse nationale des allocations familiales fait le point sur les connaissances scientifiques et sur "les effets de l’accueil en crèche et par une assistante maternelle". Les structures peuvent représenter "un environnement plus ou moins propice" au développement des capacités langagières, pré-mathématiques, socio-comportementales et motrices des 0-3 ans.
En effet, "selon la littérature internationale, la fréquentation d’une crèche ou d’une assistante maternelle a pour effet de réduire les inégalités de développement entre les enfants", et cet effet "semble perdurer sur le long terme, au moins jusqu’à l’adolescence". "Les effets les plus positifs concernent le développement du langage et les capacités pré-mathématiques. Les effets sur les capacités socio-comportementales et le bien-être des enfants sont aussi positifs, même pour un accueil avant l’âge d’un an, à condition que le mode d’attachement parent-enfant soit déjà sécurisé et que la qualité des modes d’accueil soit élevée."
Quant au nombre d’heures "à partir duquel la fréquentation d’un mode d’accueil devient bénéfique", il ne fait pas consensus. Dans le contexte français, "les effets bénéfiques sur le développement sont visibles dans le cas d’une prise en charge à temps partiel".
La qualité de l’accueil est "le facteur décisif de tous les effets bénéfiques des modes d’accueil. Elle est "difficilement quantifiable" lorsqu'il s'agit de mesurer "le nombre et la qualité des interactions entre les enfants et les professionnelles". D'autres éléments sont davantage objectivables : groupes de petite taille, niveau de formation des professionnelles. "La formation continue (à travers l’organisation d’une supervision et d’une réflexivité sur les pratiques) est notamment considérée par plusieurs études comme l’élément le plus important pour assurer une bonne qualité des interactions avec les enfants."
Mais la CNAF évoque "un certain nombre de particularités des politiques françaises" qui font problème. La durée des congés de maternité inférieure de 6 semaines à la moyenne des pays de l’Union européenne et la coupure à 3 ans pourraient expliquer que la taille des effets soit moindre que ce que montrent "certains travaux étrangers". Par ailleurs, les recherches sur les effets du mode d’accueil par les assistantes maternelles "constituent un angle mort important de la littérature", alors que la France est "le seul pays de l’OCDE où les assistantes maternelles constituent la première institution d’accueil du jeune enfant".
La France est aussi le pays de l’OCDE où les moins de 3 ans sont le plus souvent accueillis dans des modes d’accueil formels, mais c'est aussi l'un des pays "où les inégalités sociales d’accès sont les plus fortes". Elle se situe en effet "au-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE pour le pourcentage d’enfants défavorisés accueillis, alors qu’elle est très au-dessus de la moyenne pour le taux d’enfants plus favorisés accueillis. Alors que les enfants des milieux défavorisés bénéficieraient le plus d’une telle prise en charge, ce sont donc en réalité ceux qui y ont le moins accès."
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