Comment les enfants réussissent ou échouent à apprendre (4) : "une sorte d’incertitude au sujet des finalités de l’école" (Denis Kambouchner)
Paru dans Scolaire le mardi 29 mars 2022.
Voici des échos de la journée scientifique organisée le 25 mars par l'APF (Association française de psychiatrie) et ToutEduc sur les liens entre pédagogie et sciences de la cognition. Denis Kambouchner, professeur émérite de philosophie à l’Université Paris 1, .
Pour rappel, à la rentrée 2000, Denis Kambouchner avait publié "Une école contre l’autre" où il s'opposait à Philippe Meirieu. Depuis, ils s’accordent sur l’importance d’un projet ambitieux pour l’école. Ils se rejoignent aussi sur le besoin crucial dans le cadre de la profusion de technologies et de sollicitations variées, de former les esprits au jugement, aux méthodes, d’apporter des repères. "Notre position s’est sensiblement rapprochée autour d’une ligne que je qualifierais d’humaniste", indique Denis Kambouchner qui intervenait aux côtés de Philippe Meirieu.
"Il y a une sorte d’incertitude chez les responsables du système au sujet des finalités de l’école."
"Il y a un besoin d’information mutuelle entre les sciences de l’éducation et les sciences de la cognition (…) Je m’interroge sur la notion de compétences émotionnelles qui seraient à mettre en relation avec les compétences cognitives. Je m’interroge sur l’enseignement qu’on pourrait en faire, il me semble qu’on va bien vite (…) le mot compétence est-il bien à sa place ?"
"Nous savons que des parents et des élèves se voient confrontés à des diagnostics d’une technicité qui les dépasse totalement. Et que les fondements des évaluations apparaissent opaques. On peut se demander si un usage indiscret des théories et des vocabulaires techniques élaborés dans les laboratoires n’est pas un facteur négatif sur les apprentissages."
"En France, le système de formation des maîtres est peut-être le plus mal conçu du monde. Ce système est incohérent et rien dans les politiques suivies ces dernières années n’a remédié à cela."
"Il ne s’agit pas de réprimer l’enthousiasme que peuvent provoquer les sciences cognitives, mais d’appliquer une certaine prudence (…) Les enseignants ont affaire à des esprits et non à des cerveaux. (…) Des esprits qui ont besoin d’être nourris et stimulés."