Comment les enfants réussissent ou échouent à apprendre (6) : "Les neurosciences ont tendance à s’exonérer du réel" (Luc Henry Choquet)
Paru dans Scolaire le mardi 29 mars 2022.
Voici des échos de la journée scientifique organisée le 25 mars par l'APF (Association française de psychiatrie) et ToutEduc sur les liens entre pédagogie et sciences de la cognition. Luc Henry Choquet, sociologue du droit, ancien responsable de la recherche à la protection judiciaire de la jeunesse et enseignant à l’EHESS, propose un historique de la pédagogie et des débats autour de ce qu’il faut transmettre et la façon de le transmettre.
"Les épistémologues ont été sollicités parce que les troubles de l’apprentissage sont un motif majeur de consultation. L’articulation entre les résultats des recherches et les politiques publiques est devenue un sujet brûlant (…) Les gouvernants ont demandé d’obéir au sciences cognitives. Ainsi les dys – quels qu’ils soient - ne relèvent plus de la psychologie mais du développement cérébral. Cela permet d’agir sans passer par le pathologique."
"Pourquoi certaines situations d’apprentissage sont efficaces et pas d’autres ? Mais lorsque la rencontre entre l’enseignant et l’enfant se produit, il se passe quelque chose dans le corps et l’esprit (…) Les neurosciences (…) ont tendance à construire un individu détaché de ses relations (…) Elles s’exonèrent du réel, elles ont une propension à négliger l’environnement qui est pourtant un élément décisif dans la situation d’apprentissage ».
Muriel Florin