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Loi Pénicaud : De nombreuses ouvertures de formation en apprentissage "ne sont pas pertinentes“ (rapport IESF)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 16 mars 2022.

L'association IESF, composée d'anciens inspecteurs de l'Education nationale, publie un rapport qui évalue les premiers effets de la loi du 5 septembre 2018 au sein de l'Education nationale, dans neuf académies représentatives.

La loi “pour la liberté de choisir son avenir professionnel“ a selon ses auteurs “en quelque sorte libéralisé le dispositif“ de l'apprentissage en France. Ils indiquent que “les aides finanières substantielles accordées aux entreprises ont engendré un effet d'aubaine et provoqué une explosion du nombre des contrats".

Cependant, ils estiment que les Régions “ont peu apprécié que la manne financière soit centralisée au niveau national“, vu que la loi “leur a enlevé le pouvoir sur la formation professionnelle puisque n'importe quel organisme ou entreprise peut créer un CFA (centre de formation des apprentis) financé par les coûts contrats et non plus par les subventions allouées par les Régions.“

Développement anarchique des formations

Il apparaît en outre, analysent-ils, “que de nombreuses ouvertures de formation en apprentissage se font alors qu'elles ne sont pas pertinentes“, et que celles-ci se développent de façon “anarchique“. Ainsi, l'offre de formation par apprentissage serait “devenue un secteur marchand à part entière, entraînant des inquiétudes sur la qualité des formations qui se multiplient“.

“Il est prématuré d'apprécier l'accès à l'emploi des apprentis“, assurent également les rapporteurs de l'IESF, pour qui “la question demeure de savoir si la loi a permis de résorber le chômage des jeunes diplômés à la recherche d'un emploi ou ayant quitté précocément le système éducatif et ne parvenant pas à s'insérer“, et si celle-ci “n'aurait abouti qu'à un transfert des élèves de la formation sous statut scolaire vers l'apprentissage, le public concerné d'un niveau de formation élevé aurait trouvé, in fine, un emploi même s'il avait poursuivi son cursus en formation scolaire".

Par ailleurs, le dispositif de préappentrissage destiné aux plus fragiles “semble à la peine“, du fait que les académies ont toutes déjà des dispositifs de suivi des jeunes en rupture, et que ceux-ci “ne répondent généralement pas aux exigences des employeurs, il y a donc un danger à voir ces classes préparatoires à l'apprentissage n'accueillir que les élèves que le collège ne veut pas garder".

Tsunami

“En ce qui concerne l'Education nationale, la loi a provoqué un ‘tsunami‘ selon le mot employé dans une académie." Les Inspecteurs de l’éducation sans frontières considèrent que le développement de l'apprentissage “soulève la question même des lycées professionnels“. Ils estiment que le rôle de l'Education nationale vis à vis du niveau III de qualification (CAP, BEP, ndlr) “continue de se poser puisque ce sont les plus hauts niveaux de qualification qui ont tiré le meilleur profit de la loi.“

Ils ajoutent en outre que “le combat est inégal avec les formations privées en raison des freins que sont l'obsolescence des outils de gestion et l'inadéquation des grilles de rémunération, lesquelles risquent (…) de provoquer une hémorragie chez les personnels, mieux payés ailleurs.“

De même, les incidences de la loi sur les personnels et les outils de gestion sont décrites comme “multiples“. Les auteurs du rapport précisent que “la prise en charge de l'apprentissage par les EPLE (établissements d'enseignement secondaire) et les GRETA (groupement d'EPLE) a entraîné un travail supplémentaire, administratif et comptable, important. (…) Dans la plupart des académies, on note des difficultés de gestion des ressources humaines.., et on constate que le statut général des enseignants n'est plus adapté.“

Ils décrivent des acteurs de terrain qui “n'ont aucune aide de l'administration centrale pour la mise en œuvre de la nouvelle loi d'autant qu'elle s'est accompagnée de la suppression du service de l'Inspection de l'apprentissage (SIA)“, et ils évoquent ce chef d'établissement rencontré, dont le développement de l'apprentissage dans son EPLE “a été un chemin de solitude“.

Le site de l'IESF ici

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