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Newton Room : Le projet pédagogique mobile s'implante à Paris, et devient permanent à Angers

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 11 mars 2022.

“Les jeunes ne viennent pas travailler des maths, ils sont ici ‘en mission‘ “ explique à ToutEduc Sébastien Delannoy, chargé de projet Newton pour la fédération Léo Lagrange, qui déploie ce programme éducatif expérimental dans l'hexagone. Expérience composée d'équipements numériques et interactifs conçue un peu à la manière d'un escape Game, cette “mission“ est une découverte des STIM (pour Sciences, technologies, ingénierie, et mathématiques, ndlr) dans une “classe mobile“.

Après Angers, Dijon et Venissieux, l'action se déroule désormais au collège François Villon, classé REP et situé dans le 14ème arrondissement de Paris. Depuis lundi 7 mars, deux containers d'une taille globale de 70 mètres carrés, ont atterri dans la cour de récréation de l'établissement pour une durée de six semaines.

Au total, 250 collégiens et même 150 CM2 y participeront, par groupes de 10 à 15 élèves divisés en binômes ou trinômes. Deux modules sont proposés, l'un pour les CM2, sixièmes et cinquièmes, et plutôt axé sur la robotique et les mathématiques, avec du calcul de distances, de tailles et de la programmation de robots. L'autre, destiné aux cinquièmes, quatrièmes et troisièmes, ajoute deux simulateurs de vol mis à disposition des élèves pour mener à bien leur  “mission“, par exemple un sauvetage, après avoir repéré des incidents ou converti des données..

Lina, Rutema, Camille, Elias, Marion sont en quatrième et racontent à ToutEduc leur expérience de la “Newton Room“.

- Rutema : “On a d'abord appris ce que c'était qu'un plan de vol, puis on a appris à en faire un“.

- Elias : “Il y avait une mallette avec du matériel, des plans, des cartes, on devait convertir des heures en minutes puis en seconde.“

- Lina : “On a appris à décoller aterrir, repérer des personnes en danger.“

- Camille : “C'est vraiment quelque chose de nouveau, et c'est assez compliqué en fait, surtout les virages, l'avion il ne tourne pas, il se penche..“

- Lina : “Parce que c'est pas une voiture !“ (rires)

- Marion : “C'est super parce qu'il y a beacoup de technologie, quelque chose auquel on n'est pas habitués en classe, c'est super moderne et ça change, à l'intérieur il y a des LED, ça fait futuriste..“

- Lina : “On sent qu'on travaille au début, et après avec le simulateur de vol on ne le sent plus du tout.. mais c'est quand même plus amusant qu'en classe !“

Professeure de mathématiques en 6ème et 3ème, Emilie sort d'une séance, et explique que “trois heures avec des 6èmes c'est dense, c'est long.. mais ils sont contents ! Ca met une bonne dynamique, c'est agréable.“

Elle fait partie des cinq enseignants qui ont été détachés par l'établissement pour s'occuper du projet. Elle en loue la transdisciplinarité, qui permet de “mélanger nos disciplines, de ne pas les cloisonner“, notamment avec son collègue de physique-chimie et ajoute que “les élèves aiment ce genre d'activité, ils retiennent mieux les notions.“ Niveau contenu justement, l'enseignante détaille : “On travaille des compétences du programme de manière ludique, les élèves sont actifs, ils ont envie, ils essaient, ils se trompent ils recommencent, choses qu'ils ne font pas forcément quand ils sont en classe sur des exercices papier."

"Un nouveau modèle pour les systèmes éducatifs"

Stian Elstad, directeur général de First scandinavia, fondation norvégienne à but non lucratif créatrice du projet il y a 15 ans (40 containers sont désormais implantés en Norvège), constate que “c'est en quelque sorte une nouvelle approche et un nouveau modèle pour les systèmes éducatifs, et on le voit dans les programmes également. Nous voulons connecter la théorie à la pratique. Notre pédagogie c'est d'importer une éducation plus ‘pratique‘ et basée sur l'enquête, où les élèves ont accès à des équipemets et du matériel spécifique, ils peuvent faire des expériences, et nous sommes extrêmement focalisés sur les réflexions que les jeunes développent dans la salle Newton, en discutant entre pairs, et avec les professeurs. Nous pensons et espérons que cela entraîne un apprentissage plus approfondi, c'est une nouvelle méthodolgie comparée à ce qui se fait traditionnellement dans les salles de classes où les apprentissages sont plus théoriques.“

Sébastien Blondot, principal adjoint du collège François Villon précise à ToutEduc que les cinq professeurs ont été formé pendant trois jours par les enseignants norvégiens de First aux équipements et à une pédagogie “qui n'est pas celle qu'on utilise d'habitude, les élèves sont complètement acteurs de leurs travaux pratiques“.

L'établissement scolaire François Villon travaille avec le centre social Maurice Noguès, situé également Porte de Vanves et qui appartient à l'association d'éducation populaire Léo Lagrange. C'est cette dernière, “ayant toutes les connexions“ qui a été choisie par Boeing pour développer ce programme de mécénat en France dans son souhait d'un travail récurrent sur les communautés. Son directeur général, Jean-Marc Fron, présente ses qualités : un programme “concret“, “important pour rendre les mathématiques plus accessibles, notamment pour les filles“, qui permet de“ faire découvrir d'autres métiers, par exemple dans les compagnies aériennes et qu'on ne connaît pas forcément“ et d' “offrir aux jeunes des perspectives de carrière différentes“.

Des enseignants unanimes

Quand la fédération Léo Lagrange présente le projet à Sébastien Blondot, il a tout de suite dit “Je prends ! J'ai vu tout de suite quel pouvait être le bénéfice de ce type de dispositif pour nos élèves, et je savais que j'avais les équipes qui suivraient. Et effectivement tous les professeurs de sciences ont été unanimes.“

Il ajoute que “ce sont des choses que les enfants de ce quartier ne font pas. Vous installez ces containers au centre de Paris ça n'a aucun intérêt, car les enfants avec leurs parents peuvent souvent voir des choses extraordinaires, ce n'est pas le cas de nos élèves. Et c'est aussi les décomplexer vis à vis de la Science, montrer que c'est fun, pas rébarbatif.“

La cité scolaire François Villon fait partie d'une cité éducative depuis le 29 janvier. Selon son principal adjoint il faut “être ouvert et accessible au quartier, envers les associations et tous les jeunes, faire vivre le territoire". Les deux containers ont donc également fonctionné pendant les vacances, l'école ouverte pour permettre à 200 jeunes de découvrir l'espace et ses activités. “C'est pour ça que c'est le lieu idéal, conclut Sébastien Blondot, d'ailleurs le projet c'est de le pérenniser.“ A l'image de la ville d'Angers, où la “classe mobile“ est devenue, suite à l'expérience, une classe permanente.

Le site de la Newton Room ici

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