A quelles conditions la recherche du bien-être à l'école a-t-elle du sens ? (CRAP - Cahiers pédagoqiques)
Paru dans Scolaire le lundi 21 février 2022.
Et si le bien-être à l'école était "profondément une affaire d'apprentissage, pour tous les élèves" ? C'est la question posée par Catherine Hurting-Delattre (ex-enseignante) à partir d'une promesse faite par l'Ecole alsacienne : "L'atout maître de cette école est la mise en avant des compétences dites non cognitives : réseau, acceptation d'autrui, image de soi, confiance en soi...", comme si ces compétences étaient réservées "aux enfants de nantis" tandis que "le prix à payer par les élèves de milieu populaire pour accéder aux savoirs scolaires (était) l'ennui". Cette réflexion intervient dans le cadre du dossier du dernier numéro des Cahiers pédagogiques, dont le dossier est consacré au bien-être. C'est pourtant une notion dont Mireille Cifali (psychanalyste) invite à se méfier : "si c'est un état, il est passager et fragile, dépendant de nous et de multiples autres facteurs." Le bien-être n'est d'ailleurs pas une condition nécessaire pour apprendre. Pour elle, "les conditions nécessaires" aux apprentissages sont "un cadre de sécurité" et "des dispositifs qui cherchent à intégrer chacun parmi les autres".
Cynthia D'Addona et Andreaa Capitanescu Benetti (U. de Genève), s'interrogent. Nous assistons au déploiement d'une rhétorique qui "met en avant le bien-être", y compris à l'école, alors que les enseignants doivent faire face "à la pression institutionnelle (au niveau didactique, des évaluations, etc.)". Jérôme Visioli (UFR STAPS, Rennes) interroge pour sa part "la place du corps dans l'institution scolaire" et sur la nécessité "d'accentuer la prise en compte de la sensibilité de l'élève et de ses émotions pour réussir à accompagner ses progrès et son développement".
Cahiers pédagogiques n° 575, février 2022, 12€