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Evaluation des établissements : Pour Béatrice Gilles, “la clé de voûte, c'est le projet d'établissement“ (Sénat)

Paru dans Scolaire le jeudi 17 février 2022.

“Dans notre système éducatif nous avons beaucoup l'habitude des actions, un peu l'habitude des objectifs mais on travaille beaucoup moins sur les besoins, les résultats et les effets“ indiquait hier 16 février Béatrice Gilles au Sénat.

Interrogée par la Commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Palais du Luxembourg pour dresser un premier bilan de l'évaluation des établissements scolaires introduite par la loi “pour une école de la confiance“, la présidente du Conseil d'évaluation de l'école (CEE) explique que “l'idée est de convaincre les établissements de bien travailler sur l'ensemble de cette chaîne évaluative“.

Car la France est très en retard sur cette dimension. Eric Charbonnier, analyste à la Direction de l'éducation de l'OCDE fait d'ailleurs savoir que la France est, avec ou juste après la Bulgarie, le dernier pays de l'UE à ne pas avoir de conseil d'évaluation de son école jusqu'à l'arrivée de la loi de 2019.

La culture de coopération plus faible dans l'hexagone que dans les autres pays

Il y voit une “démarche nouvelle qui peut s'attaquer aux faiblesses de notre système“, là où la “culture de l'établissement“ n'est pas ancrée en France, tout comme la culture de coopération, plus faible dans l'hexagone que dans les autres pays, d'où l'importance “de créer du dialogue“. Enfin, il souligne le manque d'une culture de l'inclusion qui permet d'impliquer tout le monde (parents, élèves, pesonnels) et de changer la relation à l'école. “Il y a un changement de mentalité, poursuit-il, qui va s'opérer progressivement mais il faut aussi avoir une vision sur le long terme, pas seulement sur un an, deux ans“.

L'idée essentielle que promeut Béatrice Gilles consiste dès lors à “faire apparaître l'effet établissement en France“, faire progresser peu à peu l'efficacité et l'efficience de l'établissement, et d'en faire quelque de chose de participatif, d'en faire du collectif.“ Selon son analyse, “la clé de voute, c'est le projet d'établissement, qu'il puisse donner sa feuille de route et puisse réfléchir sur ses compétences pour l'école“.

L'évaluation des établissements est avant tout “destinée au élèves“, mais sert aussi au pilotage interne de gestion, c'est à dire à la façon de se gérer, pour obtenir un accroissement du pouvoir d'agir et de l'innovation, de l'expérimentation dans une dynamique collective, ajoute la présidente du CEE. Une chose qui l'a frappée dans le rendu des auto-évaluations “c'est qu'on connaît mieux les élèves dans le premier que dans le second degré“, d'où l'importance “de connaître les vrais besoins, réels des élèves et pas théoriques“.

“On en attend la compréhension par les établissements de leur part de responsabilité et des décisions qu'ils prennent eux-mêmes“. Béatrice Gilles souhaite voir émerger de ces évaluations un “projet d'établissement qui repose vraiment sur le fond“, soulignant que “les enquêtes internationales montrent que l'auto-évaluation a un effet important sur l'amélioration des systèmes éducatifs“.

Elodie Aubertot insiste aussi sur cette “capacité de mise en œuvre du collectif“. L'ex-principale d'un collège des Côtes-d'Armor évalué l'an dernier, puis évaluatrice à son tour, témoigne de l'importance d'une “mise en sytème“ générée par ces évaluations. Elle raconte que “les enseignants ont l'habitude de travailler seuls dans leur classe, mais on s'interroge rarement collectivement sur la réussite de nos élèves“ et elle consacre la “valorisation“ des agents de service qui n'ont pas l'habitude de s'exprimer et des parents d'élèves qui disent “comment ils vivent leur école“.

En tant que chef d'établissment évalué, elle évoque “une grosse surprise“ révélée par l'évaluation : “malgré tout le travail que nous menons sur l'égalité filles-garçons cette dimension n'est pas perçue par les élèves." L'établissement souhaite désormais “marquer les choses à destination des familles et des élèves pour qu'ils puissent comprendre ce qu'on fait“.

En tant qu'évaluatrice externe, l'équipe (d'évaluateurs) a selon Elodie Aubertot découvert que seulement un élève du collège sur 4 allait en 1ère générale à l'issue de la seconde, ce qui “n'était pas connu avant, pas identifié“. L' ex-principale rapporte que l'évaluation a amené à "se dire deux choses, on va travailler sur l'ambition scolaire de nos élèves, mais aussi que des liaisons soient construites avec les lycées professionnels et que l'on travaille avec eux".

Ne pas confondre évaluation et contrôle

“Finalement notre objectif, conclut Béatrice Gilles, c'était de faire adhérer à la démarche, et a priori il semblerait que l'on n'ait pas d'opposition à cette démarche“ d'évaluation. Elle précise cependant que ce qu'il reste à faire “c'est qu'elle soit vraiment appropriée et que cela devienne l'affaire de l'établissement, et ça ça va prendre un peu de temps".

La présidente du CEE décrit un processus de concertation au sein même du conseil émaillé de nombreux débats. Une proposition retenue par le conseil serait que le temps périscolaire (matin, midi, soir) soit intégré dans l'évaluation après accord du ou des maires. Est également préconisé “qu'il y ait des enseignants dans les équipes d'évaluateurs“.

“Nous pouvons organiser l'évaluation de façon plus confortable pour les différents personnels“. La présidente du CEE aimerait faire en sorte que chaque établissement ou école sache à l'avance à quel moment il sera évalué et qu'il puisse en faire un objet d'organisation au moment de la pré-rentrée.

Enfin, Béatrice Gilles “insiste sur la participation effective des élèves et à tous les niveaux, y compris les tout-petits, ce qui nous incite à travailler sur la façon que l'on a de questionner des élèves“, et notamment par la production de questionnaires qui, précise-t-elle, “ne sont pas des enquêtes de satisfaction“.

En attendant un premier bilan “totalement public“ qui devrait être publié dans le mois qui vient, les chiffres avancés sont ceux de la participation aux évaluations, réduite depuis le début de la pandémie, avec 950 évaluations menées à terme en 2020-2021 et 2366 en 2021-2022 (soit 22,2 % des établissements du 2nd degré). Dans le premier degré, une expérimentation en cours porte sur l'évaluation d'un regroupement d'écoles dans chaque département, soit une centaine en tout.

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