Mathématiques : l'état de la controverse (Le Monde, le ministère, l'APMEP)
Paru dans Scolaire le vendredi 04 février 2022.
"Le Monde" consacre une pleine page de son édition du 5 février à la polémique sur la place faite à l'enseignement des mathématiques au lycée. Pour l'essentiel, notre confrère reprend les données figurant sur le site de l'APMEP. L'association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public, très critique, a repris les chiffres donné par le ministère le jeudi 27 janvier.
Le ministère fait favoir qu'en 2021-2022 "plus de 60% des élèves de terminale générale suivent un enseignement de mathématiques, soit en spécialité mathématiques, soit en mathématiques complémentaires". L'APMEP fait remarquer qu'elle ne peut vérifier ce chiffre "car les données des options ne sont pas publiées pour 2021- 2022", mais qu'avant la réforme, "90% des élèves suivaient un enseignement de math en terminale".
L'administration fait état du nombre d'élèves qui ont choisi la spécialité mathématiques et l’option mathématiques expertes, 52 000, alors que 49 000 élèves de S avaient choisi la spécialité mathématiques. Ils ont une heure de plus par semaine (9h contre 8 précédemment). L'APMEP ne conteste pas ces chiffres mais fait remarquer que l'option "n’est pas accessible dans tous les lycées".
Le ministère estime que "les programmes de la spécialité mathématiques et de l’option mathématiques expertes sont plus exigeants que ceux de Terminale S avec la spécialité mathématiques", ce que ne conteste pas non plus l'APMEP, laquelle regrette en revanche la disparition des niveaux "de l’ancienne ES ainsi que celui de l’option L" qui "permettaient de modérer la pression". L'association dénonce "l'élitisme assumé par le ministère".
Le ministère fait encore valoir le nombre des filles qui suivent en terminale la spécialité mathématiques couplée à l’option mathématiques expertes, 17 000, qu'il oppose aux 15 000 filles qui suivaient la spécialité mathématiques en terminale S en 2015. L'APMEP répond qu'elles étaient "plus de 20 000" en 2019-2020, "la dernière année de l’ancien système". Selon le ministère, "45,8% des filles en terminale suivent un enseignement de mathématiques, soit 96 500", l'APMEP répond qu'avant la réforme, c'était le cas de 85 % d'entre elles, en comptant celles qui étaient en séries ES et L option mathématiques.
Interrogé par Le Monde, Cédric Villani estime que "les actions mises en oeuvre à l'école primaire et au collège" et inspirées du rapport qu'il avait rendu à Jean-Michel Blanquer avec Charles Torossian, "vont dans la bonne direction", même si "leur mise en oeuvre est plus longue et plus frustrante que ce que l'on avait imaginé. Le recrutement de référents pédagogiques dans chaque circonscription n'est pas achevé, tout comme le volet formation des enseignants ou l'ouverture de laboratoires dans les lycées". Le mathématicien estime que "la réforme du lycée mérite d'être réexaminée".