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Paris : la procédure Affelnet évolue pour intégrer Louis-le-Grand et Henri-IV

Paru dans Scolaire le lundi 24 janvier 2022.

La réforme d'Affelnet à Paris, l'algorithme qui organise la répartition des élèves au sortir des collèges (voir notamment ToutEduc ici), avait exclu de la procédure les lycées Louis-le-Grand et Henri-IV qui ont continué de recruter sur dossier. Ils doivent intégrer cette année la règle commune. Emmanuel Garot, vice-président de la PEEP de la capitale, détaille le mécanisme.

Emmanuel Garot : Jusqu'à présent, ces deux lycées prestigieux sélectionnaient leurs élèves sur dossier, et prenaient des collégiens parisiens et d'autres hors académie, quelque 35 % à Louis-le-Grand, 20 à 25 % à Henri-IV. Ils vont conserver la possibilité d'accueillir des élèves venus d'autres académies, sans doute dans des proportions comparables à celles constatées aujourd'hui, mais qui ne sont pas encore fixées.

ToutEduc : Et pour les collégiens parisiens ?

Emmanuel Garot : Ils passeront par Affelnet, et pour tous, ces deux lycées seront "en secteur 1", c'est à dire qu'ils pourront tous y prétendre, où que soit situé leur collège. Mais les élèves dont les collèges dont l'IPS (indice de positionnement social) est le plus bas bénéficieront d'un bonus de 1200 points, les autres de 600 points et les plus avantagés d'aucun point, et il devrait y avoir des quotas, un tiers d'élèves ayant bénéficié du bonus maximum, un tiers du bonus intermédiaire... Le pourcentage d'élèves boursiers devrait également évoluer. Il est actuellement de 8 %, il pourrait passer à 12 ou 13 %, mais ce n'est qu'une hypothèse de ma part, la question n'est pas tranchée.

ToutEduc : Est-ce que cet ajout à la réforme va profondément changer les choses pour ces deux lycées ?

Emmanuel Garot : Oui, très clairement pour Henri IV qui est un groupe scolaire, et dont les collégiens étaient très avantagés. Une quarantaine d'entre eux étaient admis chaque année au lycée, alors que les meilleurs collèges n'y envoyaient que trois ou quatre de leurs meilleurs élèves... Le collège est ramené à la règle commune, ce qui me paraît très positif.

ToutEduc : Certains craignent une "baisse du niveau"...

Emmanuel Garot : Affelnet sélectionne les élèves en fonction des notes mises au collège, et tous les collèges ne notent pas de la même façon. Même s'il est très difficile d'afffirmer que certains sont plus laxistes que d'autres, il est certain que le dispositif renforce un peu l'hétérogénéite scolaire, et sociale des établissements. Charlemagne a ainsi constaté, au vu des tests de seconde, une baisse du niveau de 1,5 point, rien de catastrophique, mais dans l'esprit du rectorat, c'est une étape. De plus, si ces deux établissements perdent un peu de leur prestige, le nombre des candidatures venues d'autres académies pourrait diminuer, libérant ainsi des places pour des parisiens, ce qui ferait tomber un peu la pression.

ToutEduc : Qu'en pensez-vous ?

Emmanuel Garot : Vous connaissez la formule, on sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne. Ces deux lycées produisent les très bons élèves qui iront ensuite dans des filières d'excellence, réussiront les concours des plus grandes écoles, constitueront les élites de demain. Les lycées parisiens seront-ils capables de maintenir le niveau ? Pour le rectorat, il est clair qu'ils doivent amener au baccalauréat le maximum d'élèves et que c'est après, quand ils sont dans le supérieur, que la sélection entre en jeu. Je suis dubitatif.

Pour sa part, la FCPE souligne que "Paris est l’une des villes les plus ségréguées en France", selon le comité de suivi de la réforme d'Affelnet, présidé par Julien Grenet. Les changements apportés à la procédure l'année dernière seraient "dans l’ensemble très positifs". "La mixité scolaire a progressé, et la mixité sociale (...) s’est nettement bonifiée dans certains lycées". Pour la section parisienne de la fédération de parents d'élèves, "la route vers une disparition des lycées de niveau à Paris reste longue" et elle "salue la volonté de faire évoluer les procédures de sélection des collégiens parisiens aux lycées Louis le Grand et Henri IV", même si elle sera attentive à sa mise en oeuvre.

Interrogée par ToutEduc, Ghislaine Morvan-Dubois, responsable FCPE à Paris, souhaite que le pourcentage des boursiers admis dans ces deux lycées approche de la moyenne parisienne, aux environs d'un quart, mais elle note que le rectorat s'inquiète de ce qui serait "socialement acceptable". Elle dénonce la confusion souvent entretenue entre le niveau social et le niveau scolaire quand on parle de "bons collèges", et insiste sur la nécessité de "lutter contre l'autocensure" de bons élèves de collèges plus populaires, qui ne candidatent pas pour des lycées prestigieux. Elle ne pense pas que la réforme annoncée fasse "baisser la pression" dans ces deux lycées, même si, recrutant sur les notes et non plus sur dossiers, il se peut que les profils un peu atypiques, qui pouvaient parfois intéresser l'établissement, soient moins facilement admis que des élèves plus "scolaires".

Elle indique par ailleurs qu'une classe de seconde pour élèves à "haut potentiel" devrait ouvrir au lycée Emile Dubois (dans le 14ème arrondissement parisien) l'année prochaine.

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