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À (h)auteur d’enfants, un rapport pour comprendre les réalités de l'aide sociale à l'enfance par ceux qui la vivent

Paru dans Scolaire, Justice le jeudi 06 janvier 2022.

“J’ai été victime d’agressions sexuelles par mon demi-frère, depuis j’ai peur la nuit et j’aimerais qu’on me protège la nuit, quand j’ai peur de dormir la nuit, je reste éveillée“ témoigne un enfant de l'ASE sur son rapport à la nuit.

Comme lui, ou elle, ils sont plus de 1000 jeunes protégé.es par l'aide sociale à l'enfance, provenant de 16 départements (Aube, Lot, Drôme..) qui se sont exprimés, qui ont partagé directement leurs histoires avec Gautier Arnaud-Melchiorre pour élaborer le rapport intitulé À (h)auteur d’enfants publié mercredi 5 janvier.

A 26 ans et lui même issu de l'ASE, Gautier Arnaud-Melchiorre s'est vu confier par le secrétaire d'Etat chargé de l’Enfance et des Familles la mission de recueillir la parole d'enfants protégés par l’Aide Sociale à l’Enfance. Son but, obtenir à la fois une photographie de cette politique à partir de la perception qu’ont les enfants de leur parcours et de leur accompagnement, et d’autre part recevoir des recommandations construites à partir des paroles d'enfants.

Est d'ailleurs rappelé que “la décision de protection s’appuie sur des éléments qui conduisent à considérer que l’enfant est en danger ou en risque de danger“ et que “ces situations diverses induisent des souffrances, visibles et invisibles“ comme le décès brutal d’un parent qui génère une situation d’alcoolisme chez l’autre parent, l'incarcération d’un parent, l'échec d’un projet d’adoption, des situations de précarité ou de maltraitances. “De nombreux enfants rencontrés évoquent avoir été confrontés à des situations de danger“, ajoute-t-il.

Anonymat, Familles d'accueil, Internat.. Plusieurs thématiques essentielles émergent ainsi de ces vécus si singuliers. Il y a par exemple la question de la nuit, là où “a été constaté que des chambres de jeunes d’enfants (dans le lieu de placement, ndlr) n’offraient pas les conditions idéales tant du point de vue de la propreté de la literie que de l’état du mobilier parfois très dégradé. Les enfants ont su exprimer à quel point se retrouver dans une chambre agréable serait pour eux un moyen d’aller mieux, de se sentir chez eux, de mieux s’endormir.“

Pouvoir s’habiller dignement est également un besoin important car il existe “de grandes disparités entre les territoires dans les budgets alloués aux enfants afin qu’ils puissent s’habiller“. Des enfants ont confié lors de la mission “qu’ils recevaient deux fois par an des habits qui avaient été donnés à l’institution par des particuliers. Les échanges avec les professionnels ont confirmé ces propos. Les enfants ont exprimé à quel point cela heurtait leur dignité.“

Le rapport fait état des nécessaires accès aux soins et prévention, de l'alimentation mais aussi de la sexualité ou de la culture, car “des jeunes majeurs ont partagé le fait qu’après de nombreuses années de parcours en protection de l’enfance, ils n’avaient jamais été dans un musée, à une exposition". A cet égard, il estime que “l’éveil au monde des arts, et à toutes les cultures, doit être un objectif éducatif qu’il y a lieu de viser pour tous les enfants protégés“ car “répondre à cette demande leur permettrait d’acquérir des capacités de socialisation.“

“La veille de mes 18 ans, le soir où j’allais me coucher, je sentais que ce n’était pas bien, en effet, j’avais un mauvais pressentiment. Le lendemain, réveillé à huit heures du matin, on m’a dit sèchement, ‘tu prends tes affaires et tu t’en va‘.“ Le rapport souhaite éclairer sur ce que l'on nomme les “sorties sèches“, situations “dramatiques“ où les jeunes de l'ASE “mal préparés à vivre en dehors, se retrouvent isolés, sans soutien familial“. Il demande qu'elles soient proscrites, et estime “impératif de mettre fin à ces situations qui certes tendent à se réduire selon la volonté des Départements mais qui, lorsqu’elles subsistent, sont dramatiques. Elles contribuent au discrédit de la protection de l’enfance, font douter de ses fondements, de sa raison d’être, de la compétence des professionnels.“

Par ailleurs, selon le rapport, le “référent aide sociale à l’enfance“ est souvent évoqué. Mais mineurs comme jeunes majeurs “regrettent la faible fréquence des rencontres avec le référent, le peu de disponibilité, l’insuffisante attention qu’il accorde aux demandes de chacun. Certains ont même estimé que leur référent ASE n’était pas assez impliqué dans le cadre de leur accompagnement.“

Ainsi pour Gautier Arnaud-Melchiorre il y a également lieu de s’intéresser à la question des métiers de la protection de l’enfance, celui d’éducateur spécialisé en particulier “dont l’attractivité est en net recul selon les propos mêmes des professionnels.“

Le rapport A (h)auteur d'enfants ici

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