AEFE : Le projet de contrat d'objectifs et de moyens 2021-2023, qui vise à doubler le nombre d'élèves en 10 ans, adopté au Sénat
Paru dans Scolaire le mercredi 05 janvier 2022.
“Le CNED est dans les lycées français de l'étranger aujourd'hui, pourquoi on arrive pas à faire en sorte que ces deux opérateurs se rejoignent et travaillent ensemble, c'est un peu surprenant“, indiquait au Sénat ce mercredi 5 janvier Frédéric Petit, auteur d'un rapport sur le nouveau contrat d'objectifs et de moyens de L'AEFE qui couvrira la période 2021-2023.
Alors que ce projet de COM pour l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger a été très largement adopté par les sénateurs, le rôle de cet “outil de coopération“ a été discuté sur divers aspects.
Pour le rapporteur, ce COM qui “traduit de bonnes évolutions stratégiques“ est “un outil intéressant mais mal utilisé“, avec un partie “moyens“ qui n'est pas détaillée, tandis que “la négociation avec le ministère signataire des finances n'a pas été tout à fait achevée.“ Le sénateur Michel Herbillon (LR), comme d'autres, s'est étonné que la partie moyen soit si peu développée. L'arrivée décalée de son adoption, après le début de sa mise en œuvre, a également suscité des interrogations.
Frédéric Petit (MODEM) a parlé de malentendu sur le rôle statutaire de l'AEFE qui n'est pas selon lui de gérer les lycées français à l'étranger, “ils sont une minorité“ puisque seuls 71 lycées (sur 543) sont gérés directement par l'Etat Français ou par l'agence. Ils “ne sont pas moins chers ou gratuits : le coût d'un lycée français à l'étranger est plus dépendant du niveau de vie du pays, de sa taille, de son histoire que de son statut“. Il ajoue que pour 450 lycées français de l'étranger, “le tarif, c'est de la décision locale.“
Il souligne par ailleurs que ce contrat positionne l'agence dans un certain nombre de rôles que sont les siens, à savoir de colonne vertébrale, de liant, de lien et qu'il intègre une stratégie à 10 ans de doublement des effectifs. Il reconnaît que le fonctionnement de l'agence n'est “pas adapté à l'objectif de développement“ et qu'il lui faut attirer de nouveaux publics. Il trouverait enfin intéressant que d'autres outils que le lycée français homologué (comme le Label France Education) apparaissent dans la stratégie.
Jean-Luc Mélenchon (LFI) vote contre ce rapport bien qu'il y trouve des éléments positifs. Il s'y oppose car “les moyens que nous dédions à notre présence à l'étranger sont en baisse“ et la pratique de la langue française est en recul. Le leader de La France insoumise pense que “l'enseignement des jeunes français à l'étranger doit être gratuit comme il l'est en France“ et il souhaite que la francophonie soit un “axe stratégique de la puissance française et du collectif humain que vont représenter les 700 millions de personnes qui devraient parler le français à la fin du siècle“.
Mais pour le rapporteur, “la gratuité à l'étranger est impossible et je crois qu'elle ne correspond pas à ce que nous voulons faire“, c'est quelque chose que nous refuserions chez nous (de la part d'un autre Etat, ndlr)“. Il indique ainsi que les moyens ne sont pas en baisse sur le programme 185 (du PLF 2022, ndlr).
Le sénateur Bruno Fuchs (LREM) a demandé, alors que 370 000 élèves ont fréquenté le réseau des établissements français de l'étranger en 2021, quelles propositions sont faites pour changer d'échelle, si l'on souhaite doubler ce nombre ?
“Là où il y a une très grosse marge de progression dans l'organisation de l'agence, a répondu Frédéric Petit, c'est que ses projets jusqu'à présent étaient subis. L'agence doit repenser l'affectation de ses ressources (270 personnes, dont la nouvelle direction du développement de 52 personnes) pour anticiper les futurs besoins."
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